Ce que Kinshasa reproche à Vodacom Congo

Un an à peine après le bras de fer entre Kinshasa et le principal opérateur du pays autour de la licence 2G, le directeur financier de Vodacom Congo a été arrêté le 14 septembre.

Boutique Vodacom à Kisangani, capitale de la Province orientale de la RDC. © Gwenn Dubourthoumieu / Jeune Afrique

Boutique Vodacom à Kisangani, capitale de la Province orientale de la RDC. © Gwenn Dubourthoumieu / Jeune Afrique

Publié le 18 septembre 2020 Lecture : 2 minutes.

Depuis plusieurs semaines, la justice congolaise a initié une vaste opération visant à traquer « ceux qui privent l’État de ses recettes », comme le confie à JA une source congolaise.

De l’Office de gestion du fret maritime et multimodal à l’opération de bancarisation sous les gouvernements Matata, Badibanga, ou encore Tshibala, en passant par les différentes exonérations… La justice et l’Inspection générale des finances, appuyées par la cellule de lutte anti-corruption, ont lancé plusieurs enquêtes et audits, dans l’objectif de réglementer et de s’assurer que les réglementations en place soient appliquées.

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Ces enquêtes ont entraîné de nombreuses interpellations, dont celle, le 14 septembre, de Chutoo Omar Muhammad, directeur financier de Vodacom Congo. Placé en garde à vue par le parquet général près la cour d’appel de Kinshasa-Gombe, ce dernier est accusé de faux et usage de faux.

Un communiqué, mais pas de commentaire de Vodacom

Selon le parquet, le cadre de nationalité indienne aurait falsifié les états financiers de la filiale locale de l’opérateur sud-africain, dissimulant les recettes réelles pour minorer les impôts et droits dus à l’État. L’enquête doit en outre déterminer si des autorités congolaises sont impliquées.

Dans un court communiqué, Vodacom Congo, qui exprime sa « surprise » devant l’interpellation de son directeur financier, dit suivre de près l’évolution du dossier. « Il sied de rappeler à l’opinion publique que Vodacom Congo est le partenaire de l’État congolais et lui paye ses dus en conformité avec les lois et règlements de la République démocratique du Congo », conclut l’entreprise.

« L’instruction étant en cours et les faits n’étant pas encore clairement établis, Vodacom Congo n’a pas de commentaires à faire à ce stade », a tenu à préciser à Jeune Afrique un des responsables de l’entreprise, qui a requis l’anonymat. Ce dernier rappelle en outre que le directeur financier de l’entreprise bénéficie de la présomption d’innocence.

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Un communiqué, mais pas de commentaire de Vodacom

« Nous poursuivons les enquêtes pour clarifier les zones d’ombres dans les différents dossiers judiciaires en cours », confie de son côté une source judiciaire selon laquelle « plusieurs millions de dollars échappent à l’État ».

Avec 36 % de part de marché au premier trimestre 2020, Vodacom Congo est le principal des quatre opérateurs mobiles actifs en RDC, devant Orange (28 %), Airtel (25 %) et Africell (11 %). C’est aussi le principal fournisseur d’accès internet des Congolais, avec 37 % du marché, indique le régulateur selon lequel le secteur global des télécoms a généré 382 millions de dollars au premier trimestre 2020 en RDC.

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En juin 2019, Vodacom Congo avait été accusé par l’État de ne pas avoir respecté la procédure lors du renouvellement de sa licence 2G en 2015, et avait failli la perdre, avant qu’un accord ne soit trouvé, moyennant 6,9 millions de dollars de pénalités pour l’opérateur, pour qui la RDC est le premier marché en dehors de l’Afrique du Sud.

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