Ces messies maghrébins de l’industrie européenne
En rachetant le français FagorBrandt, le groupe algérien Cevital confirme que, pour les entreprises européennes en difficulté, le salut peut venir d’Afrique du Nord.
« Une personnalité très attachante », « un homme cultivé », « le Zidane de l’industrie »… Depuis quelques semaines, et plus encore depuis la validation du plan de reprise de FagorBrandt, le 15 avril, une pluie de compliments s’abat sur Issad Rebrab.
Contexte
Dans le contexte économique très morose que connaît la France, le patron algérien, huitième fortune d’Afrique, a fait figure de messie en injectant immédiatement 40 millions d’euros dans le numéro deux hexagonal de l’électroménager, en redressement judiciaire depuis fin 2013, sauvant directement 1 225 postes sur 1 759.
Le fondateur et président de Cevital, conglomérat actif dans de multiples secteurs (huile, sucre, électroménager, verre plat, distribution de voitures, centres commerciaux…) et fort d’un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros en 2013, se retrouve ainsi à la tête de deux sites industriels en France, après avoir repris en juin 2013 une autre usine, celle du fabricant de menuiserie Oxxo.
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Ce rôle de sauveur des entreprises, en France comme en Espagne (où il a racheté l’année dernière Alas Aluminium), Rebrab, 70 ans, l’assume. Comme d’ailleurs un nombre croissant d’entrepreneurs maghrébins.
En 2013, le marocain Jet Alu, spécialisé dans les travaux de façades, avait ainsi acquis pas moins de quatre PME françaises en difficulté. Et au moment même où Cevital s’offrait FagorBrandt, le spécialiste tunisien des logiciels Vermeg menait à bien plus discrètement la reprise du belge Business Solutions Builders, pourtant deux fois plus gros que lui.
Colocalisation
Tous entendent jouer la carte de la complémentarité entre l’Europe et le Maghreb, reprenant d’une façon ou d’une autre le concept de « colocalisation » cher à Arnaud Montebourg, le ministre français de l’Économie. Mais l’offensive plus marquée de Rebrab est aussi une façon d’échapper à la sclérose d’une économie algérienne hyperadministrée, dans un pays où il faut une autorisation de l’État pour le moindre investissement. Géant à l’étroit, Cevital lorgne l’Europe mais aussi le Soudan, la Côte d’Ivoire et d’autres marchés africains. De l’air !
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