Racisme : Pierre Achille Webo et Demba Ba, les deux « héros » du match PSG-Basaksehir

L’entraîneur adjoint d’Istanbul Basaksehir, victime de propos racistes présumés, et l’international sénégalais du club turc ont dit « non au racisme », provoquant le refus de l’ensemble des joueurs de poursuivre la rencontre.

Pierre Achille Webo, entraîneur adjoint de Basaksehir, lors du match de football du groupe H de la Ligue des champions de l’UEFA entre le Paris Saint-Germain (PSG) et Istanbul Basaksehir à Paris, le 8 décembre 2020. © IAN LANGSDON/EPA/MAXPPP

Pierre Achille Webo, entraîneur adjoint de Basaksehir, lors du match de football du groupe H de la Ligue des champions de l’UEFA entre le Paris Saint-Germain (PSG) et Istanbul Basaksehir à Paris, le 8 décembre 2020. © IAN LANGSDON/EPA/MAXPPP

Alexis Billebault

Publié le 9 décembre 2020 Lecture : 3 minutes.

Ce qui n’était qu’un banal match de Ligue des Champions, censé valider la qualification du Paris Saint-Germain (PSG) pour les 16e de finale, a tourné au scandale planétaire, mardi 8 décembre, au Parc des Princes. Le match a été interrompu au bout de 13 minutes, après que le quatrième arbitre roumain, Sebastian Coltescu, a été accusé d’avoir tenu des propos racistes à l’encontre de Pierre Achille Webo, un membre du staff de l’équipe turque. Ces paroles ont provoqué le refus général des joueurs et des staffs de reprendre la rencontre.

Expulsé par l’arbitre Ovidiu Hategan après avoir protesté contre une faute sifflée, Pierre Achille Webo, l’entraîneur adjoint d’Istanbul Basaksehir et ancien attaquant d’origine camerounaise, s’en est pris à Sebastian Coltescu, après l’avoir entendu prononcer le mot « negru » (« noir » en roumain). Au lendemain du match, le carton rouge d’Achille Webo a été suspendu par l’UEFA.

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Après une confrontation évitée grâce à l’intervention de plusieurs adjoints, deux hommes en particulier ont décidé de dire « non au racisme », en référence au slogan de l’UEFA : Pierre Achille Webo donc, mais aussi Demba Ba, international sénégalais et attaquant de Basaksehir. Retour sur le parcours de ces deux héros d’une soirée qui pourrait tout changer.

Le discret Webo…

Lorsque Pierre Achille Webo entend les propos du quatrième arbitre, dans un stade quasiment vide où tous les sons sont perceptibles, l’attaquant ne se laisse pas faire. Il descend alors sur la pelouse en répétant plusieurs fois à l’encontre de Coltescu : « Why you said negro ? » (« Pourquoi avez-vous dit “negro” ? »).

Pierre Webo (à gauche), de Fenerbahçe, affronte Jardel de Benfica lors de la demi-finale aller de la Ligue européenne de football au stade Sukru Saracoglu d'Istanbul, le 25 avril 2013. © AP/SIPA

Pierre Webo (à gauche), de Fenerbahçe, affronte Jardel de Benfica lors de la demi-finale aller de la Ligue européenne de football au stade Sukru Saracoglu d'Istanbul, le 25 avril 2013. © AP/SIPA

Âgé de 38 ans, l’ancien joueur de l’équipe du Cameroun a mis un terme à sa carrière en 2018, un an avant d’intégrer le staff technique d’Istanbul Basaksehir, l’un de ses anciens clubs.

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Né à Bafoussam, au Cameroun, en janvier 1982, l’ancien attaquant international (59 sélections, 19 buts entre 2003 et 2014) avait quitté son pays et le stade Bandjoun en 2003 pour rejoindre le Nacional Montevideo, en Uruguay. Il a ensuite évolué en Espagne (Osasuna, Leganès, Real Majorque), puis en Turquie (Istanbul Basaksehir, Fenerbahce, Osmanlispor, Gazasehir Gaziantep), avant de boucler la boucle au Nacional Montevideo, en 2018.

Durant sa carrière, ce joueur à la forte personnalité s’est notamment opposé aux dirigeants de Majorque, auxquels il demandait de le libérer de sa dernière année de contrat, en 2010, ce qui lui avait valu d’être sanctionné.

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…Ba l’engagé

Si Webo s’est toujours montré discret en dehors des terrains, ce n’est pas le cas de Demba Ba. L’international sénégalais (22 sélections, 4 buts) a été l’un des personnages centraux de la soirée au Parc des Princes.

D’abord en retrait, l’attaquant de 35 ans, remplaçant au coup d’envoi, est venu interpeller, les yeux dans les yeux, Sebastian Coltescu, en lui demandant, en anglais : « Pourquoi dites-vous “ce mec noir” quand il s’agit d’un homme noir, alors que vous dites “ce mec” quand vous parlez d’un homme blanc ? ». Puis d’inciter les joueurs à stopper la rencontre.

Bienvenue en Occident, où le Blanc se croit tellement supérieur que racisme et débilité deviennent banalité

L’attitude de l’ancien joueur d’Hoffenheim, Newcastle United, Chelsea, Besiktas Istanbul et Shanghai Shenhua, entre autres, n’étonne guère. En septembre 2019, après un autre incident raciste en Italie, le natif de Sèvres avait déclaré « qu’il ne jouerait jamais dans le championnat italien », tout en invitant « tous les joueurs noirs à quitter » la péninsule. Demba Ba, lors de son passage en Chine, avait également dénoncé les propos racistes d’un adversaire, lequel avait écopé d’une suspension de six matches.

Dans un autre registre, le joueur, réputé pour son franc-parler, avait ouvertement soutenu les Ouïghours, un peuple turcophone de religion musulmane sur lequel le régime de Pékin mène, dans la région du Xinjiang, une politique de répression et d’enfermement de masse.

Plus récemment, lors de la première vague de la pandémie de Covid-19, il avait dénoncé sur les réseaux sociaux les propos tenus par deux médecins, sur la chaîne de télévision LCI, proposant d’aller effectuer des tests sur des patients en Afrique. « Bienvenue en Occident, où le Blanc se croit tellement supérieur que racisme et débilité deviennent banalité. »

Après les incidents du Parc des Princes, l’UEFA a décidé de lancer une « enquête approfondie ». « Le racisme et les discriminations, sous toutes leurs formes, n’ont pas de place dans le football », a commenté l’association sur son compte Twitter.

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