Algérie : 15 ans de prison requis contre « Madame Maya », « fille cachée » de Bouteflika

Jugée en appel pour corruption depuis samedi, la richissime femme d’affaires de 66 ans était parvenue à amasser une fortune colossale en se présentant comme la fille illégitime du président déchu.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, en Algérie, le 27 mars 2009. © Alfred de Montesquiou/AP/SIPA

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, en Algérie, le 27 mars 2009. © Alfred de Montesquiou/AP/SIPA

Publié le 28 décembre 2020 Lecture : 2 minutes.

Le parquet algérien a requis quinze ans de prison ferme contre « Madame Maya », la « fille cachée » du président déchu Abdelaziz Bouteflika, jugée en appel depuis samedi 26 décembre à Tipaza, près d’Alger, selon l’agence de presse officielle APS.

Cette femme d’affaires algérienne, qui se faisait passer pour la fille de l’ex-président et dont personne n’avait entendu parler avant juillet 2019, est jugée pour corruption avec treize autres accusés. Son procès en appel s’est ouvert samedi à Tipaza avec l’audition des accusés et des témoins, et s’est poursuivi dimanche avec les plaidoiries de la défense. Le parquet a requis quinze ans de prison ferme contre elle, et dix ans contre ses deux filles, Imène et Farah.

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L’influente « Madame Maya », de son vrai nom Zoulikha-Chafika Nachinache, a été condamnée en première instance, le 14 octobre, à douze ans de prison ferme, une amende de 6 millions de dinars (40 000 euros) et à la saisie de ses biens. Elle avait notamment été reconnue coupable de « blanchiment d’argent », « trafic d’influence », « dilapidation de deniers publics » et « transfert illicite de devises vers l’étranger ». Ses deux filles avaient été condamnées à cinq ans de prison.

Caverne d’Ali Baba

Inconnue du grand public avant cette affaire, « Madame Maya », 66 ans, a bâti une fortune colossale sur une rumeur qui faisait d’elle la « fille cachée » de l’ancien chef d’État. Largement relayée par l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika, la rumeur lui a permis de bénéficier de nombreux privilèges et de la protection de hauts responsables comme l’ancien puissant patron de la police, Abdelghani Hamel.

Mais, en juillet 2019, trois mois après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, lors d’une perquisition dans sa cossue résidence à Moretti, une station balnéaire chic de la banlieue d’Alger, les services de sécurité ont découvert une véritable caverne d’Ali Baba. Dans l’un des murs de la villa, la propriétaire avait entreposé 9,5 millions de dinars (630 000 euros), 30 000 dollars, 270 000 euros ainsi que 25 kilos d’or d’une valeur de 1,3 million d’euros.

Selon une expertise judiciaire que Jeune Afrique a pu consulter, la femme d’affaires et ses deux filles auraient également transféré illégalement vers l’étranger la bagatelle de 1,5 million d’euros. L’affaire provoque alors un mélange d’incrédulité, de dégoût et de colère au sein de l’opinion.

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Implication de hauts responsables

D’autant plus que l’enquête a révélé ses liens avec plusieurs hauts responsables. Deux anciens ministres, Mohamed Ghazi et Abdelghani Zaalane, ainsi que l’ex-chef de la police ont été condamnés à dix ans de prison ferme dans cette affaire. Le parquet a requis en appel quinze ans de prison contre les deux anciens ministres et douze ans contre Abdelghani Hamel, selon l’APS.

Après la chute de l’ex-homme fort, la justice algérienne a lancé une série d’enquêtes pour corruption. Les condamnations en série à de lourdes peines de prison ont dévoilé l’ampleur des fortunes amassées par les hommes du sérail de l’ancien chef d’État.

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