Libye : la rivalité entre Fayez al-Sarraj et Fathi Bachagha bat son plein

Du blocage du processus de transition onusien à la création d’un appareil sécuritaire, Fayez al-Sarraj fait feu de tous bois pour consolider sa position de Premier ministre.

Fayez al-Sarraj (à droite), Premier ministre du gouvernement libyen reconnu par l’ONU, s’entretient avec le ministre de l’Intérieur de ce gouvernement, Fathi Bashagha (à gauche), lors de la commémoration officielle de la « Journée de la police » sur la place des Martyrs à Tripoli, le 8 octobre 2020. © MAHMUD TURKIA/AFP

Fayez al-Sarraj (à droite), Premier ministre du gouvernement libyen reconnu par l’ONU, s’entretient avec le ministre de l’Intérieur de ce gouvernement, Fathi Bashagha (à gauche), lors de la commémoration officielle de la « Journée de la police » sur la place des Martyrs à Tripoli, le 8 octobre 2020. © MAHMUD TURKIA/AFP

Publié le 21 janvier 2021 Lecture : 7 minutes.

Le Forum du dialogue politique libyen (FDPL) enregistre enfin des avancées à Genève. Les 18 membres du comité de conseil mis sur pied par la mission onusienne en Libye (Unsmil) se sont mis d’accord le 17 janvier sur le mécanisme de nomination du futur Conseil présidentiel et du Premier ministre, validé par les 75 représentants du FDPL, deux jours plus tard.

Un vote pour déterminer la composition du futur gouvernement d’intérim est désormais attendu d’ici 15 jours. « Il est probable que la mise en œuvre des nouveaux moyens de sélection sera difficilement applicable et qu’elle sera soumise à une bataille dans laquelle les personnalités prévaudront », met toutefois en garde Tim Eaton, chercheur sur le programme Moyen-Orient Afrique du Nord de l’institut Chatham House.

Les progrès du FDPL sont d’ailleurs loin de ravir le chef du gouvernement d’accord national (GNA), Fayez al-Sarraj. Ce dernier manœuvre ainsi en coulisses pour bloquer le processus de sortie de crise onusien. Au point que la patronne de l’Unsmil, l’Américaine Stephanie Williams, lui a fait part de son agacement à ce sujet, le sommant de cessez de ralentir les travaux du Forum.

Selon Mohammed Eljarh, spécialiste de la Libye, Fayez al-Sarraj compte désormais sur « la transition entre Stephanie Williams et le futur chef de l’Unsmil, le diplomate slovaque Jan Kubis, pour freiner le processus ». Ce dernier, après plusieurs ratés pour remplacer la patronne de la mission onusienne, devrait prendre ses fonctions en février. « Le scénario le plus probable est que Fayez al-Sarraj reste en position en raison de l’incapacité à s’entendre sur son remplaçant, mais ce n’est pas parce qu’il est fort en soi », estime de son côté Tim Eaton.

Dans la capitale libyenne, le Premier ministre, un temps démissionnaire, fait désormais des pieds et des mains depuis plusieurs mois pour renforcer sa position. Il a multiplié les prises de décisions importantes. Le chef du GNA a notamment nommé en novembre un nouveau conseil d’administration de la Libyan Foreign Bank. La gestion de cette filiale de la Banque centrale libyenne est hautement stratégique car elle réceptionne les recettes pétrolières de la Compagnie pétrolière nationale (NOC) et délivre les lettres de crédits, indispensables pour les importations.

Sarraj s’accroche

Fayez al-Sarraj avait annoncé le 16 septembre sa démission le mois suivant, sous condition de la formation d’un nouveau gouvernement de transition. Or, il ne semble plus du tout être question de son départ. « Presque toute la seconde moitié de l’année 2020 a été dominée par le calcul relativement fin de Sarraj, dont l’apparence peu charismatique trompe souvent. Le plan était simple et reposait sur deux astuces : parier sur un échec des médiations de l’ONU et faire semblant de vouloir partir », explique Jalel Harchaoui, expert de la Libye et chercheur à l’institut Clingendael.

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