Rwanda : comment Paul Rusesabagina a été piégé

Alors que le procès de Paul Rusesabagina s’ouvre le 17 février à Kigali, Jeune Afrique dévoile les détails de l’arrestation du héros de « Hôtel Rwanda ».

Paul Rusesabagina et l’acteur Don Cheadle sur le tournage de « Hotel Rwanda » (2004), de Terry George © AFP

Paul Rusesabagina et l’acteur Don Cheadle sur le tournage de « Hotel Rwanda » (2004), de Terry George © AFP

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Publié le 16 février 2021 Lecture : 8 minutes.

27 août 2020. Paul Rusesabagina s’assoupit dans un jet privé au départ de Dubaï, après un interminable périple entamé la veille au Texas. À ses côtés, à bord du Challenger 605 de la compagnie GainJet, le « bishop » Constantin Niyomwungere, évêque au sein de Goshen Holy Church, une congrégation protestante qu’il a fondée. Destination prévue : Bujumbura, la capitale du Burundi.

Drôle d’endroit pour une rencontre… et drôle de duo. D’un côté, Paul Rusesabagina, 66 ans. Ancien manager de l’hôtel des Diplomates puis de l’Hôtel des Mille collines, à Kigali, au début des années 1990, il a accédé à la notoriété en 2004 lorsqu’un film de Terry George, Hôtel Rwanda, l’a immortalisé dans la posture, très hollywoodienne, du sauveur des personnes menacées venues trouver refuge dans son établissement, en plein génocide.

De l’autre, Constantin Niyomwungere, 44 ans, un pasteur né au Burundi avant d’acquérir successivement les nationalités belge et rwandaise. En quelques années, il a fondé un empire ecclésiastique s’étendant de la RDC à la Tanzanie, en passant par le Rwanda et le Burundi. Son organisation revendique aujourd’hui 108 lieux de culte.

« J’ai étudié la théologie et je sers le Seigneur depuis toujours », raconte « l’homme de Dieu », que JA a pu interviewer par visioconférence les 12 et 13 février – avec le quotidien français Libération -, alors qu’il se trouvait au Rwanda, à quelques jours de l’ouverture du procès de Paul Rusesabagina, libre de sa parole mais en contact avec des officiels rwandais. Accusé d’être impliqué dans une entreprise terroriste, Paul Rusesabagina est visé pour neuf charges distinctes et encourt aujourd’hui une peine de réclusion criminelle à perpétuité.

Piège

Le 27 août 2020, en début de soirée, Paul Rusesabagina décolle depuis les Émirats arabes unis, où le « bishop » Niyomwungere est venu à sa rencontre. Mais quelques heures plus tard, alors qu’il s’attend à fouler le tarmac de l’aéroport de Bujumbura, il est accueilli à Kigali par des agents du Rwanda Investigation Bureau (RIB), qui le placent en état d’arrestation. Bien trop tard, celui qui est devenu citoyen belge et résident américain comprend qu’il a été dupé par le religieux. Ce piège, à en croire son principal instigateur, procède d’une histoire qui a débuté deux ans et demi plus tôt, à Bruxelles.

La première rencontre entre les deux hommes a lieu dans un café de l’avenue Louise, à Bruxelles

C’est dans cette ville où l’un réside et que l’autre fréquente régulièrement que Paul Rusesabagina a fait la connaissance de Constantin Niyomwungere. « En 2017, c’est un ami commun – un opposant membre de la diaspora rwandaise, qui connaît bien mes activités en Afrique qui nous a mis en contact, raconte l’évêque. Paul Rusesabagina avait alors des problèmes au Burundi avec les membres de son groupe armé [les Forces de libération nationales – FLN]. Il demandait à me voir pour que je l’aide auprès des autorités de ce pays. »

Le pasteur Constantin Niyomwungere. © DR

Le pasteur Constantin Niyomwungere. © DR

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