Jacques Attali : « La deuxième moitié du 21e siècle sera africaine »

L’ancien conseiller de François Mitterrand et d’Emmanuel Macron a répondu aux questions de Jeune Afrique sur les tendances de fond et les « disruptions » appelées à affecter les perspectives du continent.

Jacques Attali, economiste, ecrivain et haut fonctionnaire français. © JP BALTEL/SIPA

Jacques Attali, economiste, ecrivain et haut fonctionnaire français. © JP BALTEL/SIPA

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Publié le 18 février 2021 Lecture : 8 minutes.

Africa Trends 2021 est un rapport exclusif sur les « tendances de fond sanitaires, politiques, économiques, environnementales et technologiques des pays africains ».

Cette étude du cabinet de conseil Attali & Associés, fondé par l’économiste et intellectuel Jacques Attali, se penche sans concession sur les impacts souvent oubliés ou sous-estimés de la pandémie dans les pays africains, ainsi que sur les « disruptions » économiques, sécuritaires et diplomatiques des dernières années, appelées à affecter les perspectives du continent au moins sur le moyen terme.

Ce document, que Jeune Afrique a pu consulter, met toutefois la lumière sur plusieurs développements positifs, notamment dans les domaines technologiques et financiers, ainsi qu’en matière de coordination économique dans la région.

Par vidéo-conférence, Covid-19 oblige, nous avons interrogé Jacques Attali sur les principaux enseignements de cette étude, ainsi que sur les rapports du continent avec ses partenaires (États-Unis, Europe, Chine, Turquie) et sur le futur de la « francophonie économique ».

les vaccinations contre la poliomyélite, la variole et la fièvre jaune ont pris d’énormes retards

Jeune Afrique : Le rapport réalisé par votre cabinet note que le Covid-19 continuera d’être un « problème majeur » en 2021 sur le continent, mais insiste également sur les « risques sanitaires » au-delà de la pandémie. Quels sont-ils ?

Jacques Attali : En termes de mortalité, les chiffres sont clairs. Dans le seul cas du paludisme, il y aura vraisemblablement 100 000 morts de plus en 2020 qu’en 2019, avec une mortalité grimpant de 400 000 à un demi-million de morts. Cela est dû à un ralentissement dans la prévention et dans le traitement des crises.

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Selon le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la lutte contre le paludisme pourrait perdre dix ans, ouvrant la voie à une nouvelle détérioration ou, au mieux, à une faible amélioration en 2021.

Il en va de même pour la lutte contre la poliomyélite, la variole et la fièvre jaune, avec d’énormes retards pris dans la vaccination. C’est la première fois depuis vingt-huit ans que la couverture des enfants par le vaccin DTP (vaccin diphtérique, tétanique et poliomyélitique) est en retrait !

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Dans d’autres régions du monde aussi, le suivi et le traitement de diverses maladies ont été retardés par la pandémie…

Il est vrai que les milieux fragiles ont été affectés dans toutes les régions et tous les pays, même développés. Là où il y a fragilité, la pandémie affecte davantage de gens, directement et indirectement.

Quelles réponses apporter dans ce cas ? Est-ce tout simplement inévitable ?

Non. Il y a certainement des solutions pour augmenter les moyens affectés à tous ces sujets. La pandémie ne rend pas impossible la vaccination ! Dans nombre de pays, celle-ci s’est poursuivie malgré la pandémie. Il n’y a pas de raisons pour que cela ne soit pas le cas en Afrique. Il s’agit juste d’une question de moyens.

Bien s’informer, mieux décider

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