Algérie-France : la diaspora ne lâche pas le Hirak
Deux ans après le début de la contestation, le Hirak fait-il encore le poids face au pouvoir ? Pour les Algériens de l’étranger, le mouvement n’est pas mort mais le changement est encore loin.
![Des manifestants portant les drapeaux algériens manifestent sur la place de la République pour réclamer la fin du règne de 20 ans du président algérien Abdelaziz Bouteflika, à Paris, le 17 mars 2019. © Rafael Yaghobzadeh/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2021/02/19/sipa_ap22314345_000004.jpg)
Des manifestants portant les drapeaux algériens manifestent sur la place de la République pour réclamer la fin du règne de 20 ans du président algérien Abdelaziz Bouteflika, à Paris, le 17 mars 2019. © Rafael Yaghobzadeh/AP/SIPA
À l’approche des deux ans du début du Hirak, la question d’une reprise du mouvement est sur toutes les lèvres en Algérie. En France aussi, par capillarité, là où la diaspora algérienne est la plus importante. Suspendues à la crise sanitaire depuis mars 2020, les marches qui déferlaient dans tout le pays ont laissé place à de modestes rassemblements épars. Pour autant, l’esprit du Hirak a-t-il disparu ?
Samia, 40 ans, est enseignante. Née en France de parents algériens, elle a vibré comme beaucoup au rythme des slogans. Si elle n’a pu « descendre » dans les rues d’Alger pour exiger le changement, elle désormais partagée entre espoirs et réalité : « J’ai vraiment ressenti de la colère avec l’acquittement de Blida. »
Le 2 janvier dernier, Saïd Bouteflika mais aussi Mohamed Médiène, dit « Toufik », étaient relaxés des charges de « complot contre l’autorité de l’État et de l’armée » . « J’ai l’impression que le clan pro-Bouteflika est en train de revenir… », regrette-t-elle. Le pouvoir serait-il en train de revenir aux anciennes méthodes ? « Je ne vais pas dire que le Hirak a été inutile, mais presque », lâche-t-elle, un peu dépassée par le contexte.
Abdelkader Haddouche, universitaire et ancien député des Algériens de la région sud-est en France ne veut plus, lui, « regarder dans le rétroviseur ». « Ce qui m’intéresse, c’est l’avenir du pays », assure-t-il. Une formule qui en appelle une autre. Aux yeux de l’ancien élu, il n’y a pas d’autres voies que celle d’une réconciliation nationale. « Je pense qu’il faut miser sur un large consensus mais surtout un geste d’apaisement du président Abdelmadjid Tebboune, juge l’ancien parlementaire. La libération de tous les détenus politiques est le préalable à ce consensus ». D’autant que pour lui, « le Hirak a atteint son objectif premier : empêcher un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika tout en évitant toute ingérence étrangère ».
Le 18 février, le président algérien a finalement lâché du lest en promettant la libération prochaine des détenus d’opinion.
Tout commence
Une lecture des événements que tous ne partagent pas. Zineddine Chenna, 35 ans, consultant et militant politique, vit en France depuis onze ans. « On ne peut pas construire un avenir avec ces caciques de l’ancien monde », tonne-t-il. Comme d’autres Algériens, très actifs sur les réseaux sociaux – en dépit de la loi du 22 avril 2020 contre la diffusion de fausses informations assimilée à une atteinte à la liberté d’expression -, le trentenaire considère que le Hirak est loin d’avoir abouti. Surtout, il est galvanisé par la crise sociale qui traverse le pays.
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