RDC : ce que l’on sait de l’attaque qui a coûté la vie à l’ambassadeur d’Italie

Luca Attanasio, son garde du corps et son chauffeur ont été attaqués par des hommes armés alors qu’ils faisaient partie d’un convoi du PAM qui faisait route près de Goma, dans le Nord-Kivu.

Des soldats de la paix de l’ONU surveillent la zone où le convoi a été attaqué, à Nyiragongo, province du Nord-Kivu, le 22 février 2021. © Justin Kabumba/AP/SIPA

Des soldats de la paix de l’ONU surveillent la zone où le convoi a été attaqué, à Nyiragongo, province du Nord-Kivu, le 22 février 2021. © Justin Kabumba/AP/SIPA

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Publié le 22 février 2021 Lecture : 3 minutes.

L’attaque a eu lieu dans la matinée du 22 février, autour de 10 heures, à une dizaine de kilomètres de Goma, dans le territoire de Nyiragongo, dans le Nord-Kivu. Le convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) faisait route vers Rutshuru, sur la route du parc des Virungas, lorsqu’il a été pris d’assaut. Selon le gouverneur de la province, Carly Nzanzu Kasivita, les assaillants étaient au nombre de six.

Selon l’agence onusienne qui a réagi dans un communiqué, « la délégation se rendait de Goma à Rutshuru pour visiter un programme d’alimentation scolaire du PAM lorsque l’incident a eu lieu ». Le convoi a été arrêté au niveau du lieu-dit « Trois antennes », rapporte de son côté le Baromètre sécuritaire du Kivu, projet conjoint de Human Rights Watch et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), qui observe l’activité des nombreux groupes armés dans l’est du pays.

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Assaillants inconnus

Le déroulé des évènements reste flou, mais il semble que la Jeep dans laquelle se trouvait l’ambassadeur d’Italie a d’abord été arrêtée par des tirs de sommation avant d’être attaquée. Les assaillants auraient alors tenté de kidnapper les membres du convoi.

Alerté, un contingent de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), qui patrouillait près du lieu de l’attaque avec une unité des Forces armées de la RDC (Fardc), est alors intervenu. Des tirs ont été échangés et le garde du corps du diplomate, Vittorio Iacovacci, ainsi que le chauffeur congolais du véhicule du PAM, Mustapha Milambo, ont péri sur place. Gravement touché à l’abdomen et transféré vers un hôpital, Luca Attanasio a perdu la vie quelques instants plus tard.

La République italienne est en deuil pour ces serviteurs de l’État qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leurs fonctions

Plusieurs questions subsistent. Selon le PAM, l’attaque s’est produite sur une route sur laquelle le convoi été autorisé à circuler sans escorte. « Les services de sécurité et les autorités provinciales n’ont pu ni assurer des mesures de sécurisation particulière du convoi, ni leur venir en aide faute d’informations sur leur présence dans cette partie du pays », a néanmoins affirmé en fin de journée le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité dans un communiqué.

L’identité des assaillants n’est pas encore connue, mais une source sécuritaire contactée par Jeune Afrique évoque la responsabilité de « certains éléments des FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda] ». La zone dans laquelle l’attaque a eu lieu est toutefois le repère de plusieurs autres groupes armés, y compris des milices Nyatura et des membres de l’ex-M23.

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Le dernier rapport du Baromètre sécuritaire du Kivu évoque la présence de 122 groupes armés distincts dans l’est de la RDC (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika). Ce chiffre est en baisse par rapport à la dernière recension, qui se focalisait uniquement sur le Kivu. Pourtant, le nombre de civils tués dans cette région en proie à l’insécurité depuis plus de vingt-cinq ans est en nette augmentation depuis la fin de 2019.

« Attaque lâche »

Arrivé en RDC en tant que chargé d’affaires à l’ambassade d’Italie, Luca Attanasio, 43 ans, était en poste depuis octobre 2019.

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Sa mort, ainsi que celles de son garde du corps et de son chauffeur, ont provoqué une vague de réactions tant en RDC qu’en Europe. Le président italien, Sergio Mattarella, a dénoncé une « attaque lâche ». « La République italienne est en deuil pour ces serviteurs de l’État qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leurs fonctions », a-t-il ajouté.

Les autorités congolaises ont, quant à elles, réagi par la voix de la ministre des Affaires étrangères, Marie Tumba Nzeza, qui a promis que la RDC « mettrait tout en œuvre pour découvrir qui est à la base de cet ignoble meurtre ». Accompagnée du secrétaire général aux Affaires étrangères, Dominique Kilufya, la cheffe de la diplomatie congolaise a rendu visite à l’épouse et aux enfants de l’ambassadeur.

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