Décès de Christian Tumi, premier cardinal camerounais

Hospitalisé dans une clinique privée, le cardinal et archevêque honoraire de Douala est décédé dans la nuit de vendredi à samedi.

Le cardinal Christian Tumi, à Douala, au Cameroun, le 21 juin 2019. © Max MBAKOP TCHIKAPA pour JA

Le cardinal Christian Tumi, à Douala, au Cameroun, le 21 juin 2019. © Max MBAKOP TCHIKAPA pour JA

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 3 avril 2021 Lecture : 2 minutes.

La nouvelle de la mort de Christian Tumi a circulé dès les premières heures du jour, samedi 3 avril, avant d’être confirmée par l’archevêque de Douala au cours d’une messe à la Cathédrale Saint-Pierre-et-Paul. « Le diocèse de Douala a le regret d’annoncer le décès du cardinal Christian Wiyghan Tumi à l’âge de 91 ans des suites de maladies », a écrit Monseigneur Samuel Kleda dans le communiqué qui a été lu aux fidèles présents.

Une vague d’émotion et de consternation s’est immédiatement emparée de la sphère publique camerounaise qui pleure le départ d’une personnalité respectée. L’avocat Agbor Balla a ainsi salué la mémoire d’un « ardent défenseur d’une société juste, un défenseur des droits des opprimés, réprimés et marginalisés ».

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Engagé pour la paix

Au cours des dernières années de sa vie, le cardinal Christian Tumi s’était pleinement engagé dans la résolution du conflit dans les régions anglophones du Cameroun. Réputé pour sa liberté de ton et ses positions tranchées, le gouvernement comme les groupes sécessionnistes le soupçonnaient mutuellement de défendre les intérêts du camp adverse.

La All Anglophone Conference (Conférence nationale des anglophones) qu’il souhaitait organiser n’a jamais prospéré, faute de soutien du régime. L’objectif était de désigner les personnalités anglophones qui engageraient des pourparlers avec le pouvoir de Yaoundé.

Le 5 novembre 2020, le cardinal avait fait l’objet d’un enlèvement revendiqué par les groupes sécessionnistes. Retenu captif dans une ferme située sur l’axe Bamenda- Kumbo, il avait alors fermement rappelé aux soldats armés son opposition à la fermeture des écoles et son souhait de voir les différents protagonistes autour d’une table de négociations. Sa libération était intervenue 24 heures après.

Tout ce que je veux, c’est que les armes se taisent

Dans son dernier ouvrage publié fin 2020 Ma nuit en captivité, Christian Tumi avait réitéré sa position sur le conflit anglophone. « Je ne soutiens pas ces personnes dans la brousse, bien que le gouvernement me soupçonne d’être l’un de leurs partisans. Je ne suis pas d’accord avec ce qu’ils font (…) je ne soutiens pas la répression du gouvernement, qui a conduit à la prise d’armes. Je maintiens ma neutralité. Tout ce que je veux, c’est que les armes se taisent et que la paix revienne dans le pays », écrivait-il.

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Né le 15 octobre 1930 à Kikaikelaki (Kumbo) au Cameroun, Christian Wiyghan Tumi a  été ordonné prêtre le 17 avril 1966 au diocèse de Buéa. Son parcours académique l’a conduit au Nigeria où le jeune prélat suit une formation en sciences de l’éducation puis à Londres, au Royaume-Uni. Il s’inscrit par la suite en théologie à l’Institut catholique de Lyon, en France, où il obtient une licence, puis une autre en philosophie à l’Université de Fribourg, en Suisse, suivi d’un doctorat. Le 28 juin 1988, le pape Jean-Paul II le désigne cardinal, le premier et seul cardinal camerounais.

Arrivé à la tête de l’Archidiocèse de Douala au cœur des années de braise, en 1991, Christian Tumi s’était démarqué en militant activement pour l’avènement de la démocratie. Ce qui a souvent suscité les craintes des autorités camerounaises.

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