Unanimisme électoral
Les candidats du parti au pouvoir ont toujours obtenu plus de 99 % des suffrages exprimés lors des présidentielles.
Depuis l’indépendance de la Tunisie, en 1956, les candidats du parti au pouvoir ont toujours recueilli, lors des élections présidentielles, plus de 99 % des suffrages exprimés. Candidat unique en 1959, 1964, 1969 et 1974, feu Habib Bourguiba oscilla ainsi entre 99,85 % et 99,67 %, son moins bon score, avec un taux de participation toujours supérieur à 90 %. Après quoi, le doute n’étant plus permis quant à sa légitimité, le « père de la Tunisie moderne » se fit proclamer président à vie. Pour faire des économies budgétaires, disait-on à l’époque…
Les électeurs ne retrouvèrent le chemin des urnes que le 2 avril 1989, un peu moins de deux ans après l’arrivée au pouvoir de Zine el-Abidine Ben Ali. Le score obtenu par l’« homme du changement » – 99,27 % des suffrages – n’étonna personne : il faisait réellement l’unanimité. En dix mois, n’avait-il pas aboli la présidence à vie, libéré les prisonniers d’opinion, supprimé les tribunaux d’exception, ouvert le jeu politique aux mouvements islamistes et encouragé la liberté de la presse ? Personne n’osa se présenter contre lui, l’opposition préférant se concentrer sur les élections législatives, qui eurent lieu le même jour et furent les plus libres jamais organisées : 489 candidats, dont une centaine d’islamistes, pour 141 sièges…
Cinq ans plus tard, en mars 1994, le président fut le seul candidat admis à se présenter et obtint sans surprise 99,91 % des suffrages exprimés. En octobre 1999, il fallut modifier le code électoral pour permettre aux chefs des partis d’opposition reconnus d’être candidats. Deux d’entre eux, Mohamed Belhaj Amor et Abderrahman Tlili, acceptèrent de se prêter au jeu, mais ne recueillirent, ensemble, que 0,55 % des suffrages exprimés.
Le scrutin du 24 octobre prochain, au cours duquel quatre candidats brigueront les suffrages des 4,7 millions d’électeurs potentiels, ne devrait pas être très différent. Les adversaires de Ben Ali seront, cette fois, Mohamed Bouchiha, le secrétaire général du Parti de l’unité populaire ; Mounir Béji, le président du Parti social-libéral ; et Mohamed Ali Halouani, membre du bureau politique du mouvement Ettajdid.
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