Johannesburg, la ville où le chien est roi

Publié le 10 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Le chien est-il vraiment le meilleur ami de l’homme ? En Afrique du Sud, personne n’oserait penser le contraire tant cet animal est l’objet d’attentions. Je m’en suis rendu compte lors d’un séjour à Johannesburg. Dans une métropole qui figure parmi les plus dangereuses du monde, on ne badine pas avec la sécurité. Les expatriés habitent dans ce qu’on appelle un « boom », sorte d’enclave verrouillée pour riches dont l’entrée est gardée par des vigiles. Dans ces enceintes qui comprennent parfois jusqu’à deux cents résidences, les piscines et les beaux jardins fleurissent derrière de hauts murs électrifiés. Des voitures appartenant à la compagnie de sécurité qui gère le boom patrouillent vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec, à leur bord, des agents armés.
Lorsque ma sur et son mari se sont installés dans un boom de Johannesburg, on leur a conseillé, en dépit des murs électrifiés de leur résidence, des huit caméras de surveillance branchées jour et nuit et des alarmes disséminées un peu partout, d’acheter des chiens, afin de dissuader encore plus les malfaiteurs potentiels. Ils se sont donc exécutés et ont acquis deux jeunes bergers allemands. Et c’est là que leurs ennuis ont commencé.

En Afrique du Sud, il est interdit d’attacher les chiens. Même s’ils dévastent les rosiers de votre jardin ou éraflent la peinture de votre limousine. Et les corriger serait impensable, sous peine de sérieux problèmes avec l’équivalent sud-africain de la Société protectrice des animaux.
Excédée un jour par les cabots qui venaient une énième fois de saccager son jardin, ma sur eut le malheur de lever la main sur eux. La voisine cafta sans doute car dès le lendemain deux personnes à la mine patibulaire vinrent sonner aux grilles de la villa. Un Noir et une Blanche qui se présentèrent comme des dogs inspectors. D’emblée, ils nous dirent : « Nous vous soupçonnons de maltraiter vos chiens. Pouvons-nous les voir ? »
La demande sonnant comme un ordre, ma sur laissa entrer les deux molosses. Les babines retroussées, ils se mirent à fouiner dans la cour, tels des limiers ayant flairé une piste. Ils furent scandalisés en apprenant que les chiens dormaient à même le sol. « Quoi, ils n’ont pas de couvertures ? » Ma sur leur expliqua qu’ils avaient déchiqueté les leurs. Puis : « Où sont leurs niches ? Et s’il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors ? Ils manquèrent de s’évanouir de stupeur devant les écuelles en plastique des clébards. « Malheureuse, ils les mordillent et s’abîment les crocs ! Vous devez leur donner des écuelles en fer-blanc ! »
Ils voulurent ensuite voir le type de nourriture qu’on leur donnait. Ils firent la grimace devant les croquettes recommandées par le vétérinaire. « Ce sont de jeunes adultes, ils ont besoin d’une nourriture plus consistante. » Et pourquoi pas du gigot d’agneau en croûte de truffes ? « Et ont-ils des jouets ? Non ? Comment pouvez-vous laisser ces pauvres chiens s’ennuyer ? »
Je fus tentée de leur dire d’aller voir dans les townships. Si seulement ils se préoccupaient autant des millions de pauvres qui survivent dans les cloaques de Soweto ! Le pire, c’est que les dogs inspectors se présentèrent à nouveau deux jours plus tard pour vérifier que leurs instructions avaient été bien suivies. Paradoxale nation Arc-en-Ciel : entre le bien-être des chiens et ceux qui ont une chienne de vie, certains semblent avoir fait leur choix.

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