Entre la Zambie et le Botswana, un pont pour développer toute une région
Inauguré il y a tout juste un mois, le pont Kazungula, qui enjambe le Zambèze, est aussi bien le fruit de considérations géopolitiques que d’ambitions économiques.
![Vue aérienne du nouveau pont de Kazungula sur le fleuve Zambèze à Kazungula, au Botswana, le 10 mai 2021. © MONIRUL BHUIYAN/AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2021/06/09/jad20210609-ass-pont-zambie-botswana.jpg)
Vue aérienne du nouveau pont de Kazungula sur le fleuve Zambèze à Kazungula, au Botswana, le 10 mai 2021. © MONIRUL BHUIYAN/AFP
C’est peu dire que ces 923 mètres d’asphalte étaient attendus. « Ma femme parle du pont comme du fantôme de ma vie », confie Clinton van Vuuren. Le patron des stations-service Kwa Nokeng Oil, au Botswana, désespérait de voir un jour s’élever ce bras de béton au-dessus du fleuve Zambèze. « Comme chacun sait, sa construction a eu presque dix ans de retard », rappelle avec amertume le leader local de la distribution de carburant pour les poids lourds. Anticipant une croissance de la circulation, ce chef d’entreprise a investi des millions de dollars dans un dépôt capable de remplir les réservoirs de 32 camions simultanément.
Le trafic devrait plus que doubler au poste-frontière de Kazungula, village zambien qui a donné son nom au pont. Près de 250 camions sont attendus chaque jour contre une centaine ces derniers mois. « Avant le pont, c’était un cauchemar, se souvient Mike Fitzmaurice, président de l’Association des transporteurs en Afrique de l’Est et Afrique australe (Fesarta). Seuls les deux bacs faisaient la traversée. Vous deviez passer un jour ou deux dans la file d’attente », raconte-il. Un calvaire notamment pour les camions réfrigérés coincés dans des queues de 3 kilomètres.
De six jours à 22 heures
Plusieurs jours d’attente pour finir par risquer sa vie sur une barge bringuebalante. « Quand vous embarquez sur ce genre d’engins, la peur est omniprésente », continue Charles Mutalisha, routier depuis 20 ans. Si le moteur du ferry lâche au milieu du fleuve, c’est le courant qui assure la navigation. Charles a vu plusieurs camions finir dans les eaux tumultueuses du Zambèze, infestées de crocodiles et d’hippopotames. Depuis l’année dernière, au moins trois semi-remorques ont sombré. Parfois, ce sont les cargaisons qui emportent les hommes. En 2003, au moins 18 personnes sont mortes noyées après le chavirage d’un ferry déséquilibré par un camion surchargé.
Au total, il fallait quatre à six jours pour franchir la zone tampon qui sépare la Zambie et le Botswana
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