« Dette cachée » du Mozambique : l’ex-ministre Manuel Chang sera bien extradé

L’Afrique du Sud a finalement annoncé l’extradition de Manuel Chang. L’ancien ministre des Finances est poursuivi dans un dossier, où 20 responsables politiques sont jugés en ce moment à Maputo pour avoir détourné 2 milliards de dollars.

Manuel Chang, ancien ministre mozambicain des Finances,  au tribunal de Kempton Park, Johannesburg, le 2 janvier 2019. © P.Magakoe/AP/SIPA

Manuel Chang, ancien ministre mozambicain des Finances, au tribunal de Kempton Park, Johannesburg, le 2 janvier 2019. © P.Magakoe/AP/SIPA

Publié le 24 août 2021 Lecture : 2 minutes.

Nouveau rebondissement judiciaire dans le procès de la « dette cachée » du Mozambique.  Après avoir annulé en 2019 l’extradition de Manuel Chang, arrêté en Afrique du Sud en décembre 2018 à la demande des États-Unis initialement, le ministère sud-africain de la Justice a finalement promis à l’ouverture de l’audience le 23 août à Maputo, l’extradition de l’ancien ministre des Finances du Mozambique.

Manuel Chang, en poste de 2005 à 2015, nie toute responsabilité dans cette affaire. Lui et 19 autres personnes, dont des responsables des services de sécurité et le fils de l’ancien président Armando Guebuza (2005-2015), sont accusés de chantage et de détournement de centaines de millions de dollars de prêts garantis par l’État. Manuel Chang serait celui qui a signé et finalisé environ 2 milliards de dollars de prêts accordés principalement par le Crédit suisse et par la banque russe VTB, à des entreprises publiques et censés financer plusieurs projets maritimes, notamment l’achat de navires.

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Mais si le ministre de la Justice sud-africain Ronald Lamola a assuré que « L’accusé sera remis aux autorités mozambicaines pour être jugé », il n’a pas été précisé pour l’heure si Manuel Chang pourrait se présenter au tribunal lors du procès qui se déroule en ce moment ou s’il serait jugé séparément. Son avocat n’a pas souhaité faire de commentaire.

Ana Sheila, représentante du procureur national du Mozambique, a déclaré que le ministère public demandait des peines de prison sévères pour les 19 accusés et une compensation de 2,9 milliards de dollars, intérêts compris. « Les actes des accusés ont laissé le pays dans une situation financière grave et l’ont discrédité sur le plan international », a-t-elle affirmé devant le tribunal de fortune aménagé pour l’occasion dans une tente en toile sur le terrain de la prison de haute sécurité de Machava, située à l’extérieur de la capitale Maputo.

Les avocats de six des dix-neuf accusés, dont Armando Ndambi Guebuza, fils de l’ancien président Armando Guebuza, qui témoignera ultérieurement, ont eux déclaré que leurs clients niaient les accusations. Les avocats restants, qui n’ont pas encore eu l’occasion de s’exprimer, avaient auparavant plaidé pour la libération de leurs clients et expliqué que ces derniers avaient agi au nom de l’État.

Une crise aux conséquences durables

Le gouvernement avait admis en 2016 avoir contracté des prêts sans l’aval du Parlement et des bailleurs de fonds. Une annonce qui a choqué les marchés et entraîné une baisse du metical, la monnaie nationale, de 70 % par rapport au dollar. L’agence de notation américaine Standard & Poor’s avait alors fait passer la dette du pays de la catégorie « dette très spéculative » à « en défaut de paiement avec peu de perspectives de recouvrement ».

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Le Mozambique, qui était en 2019 classé 181ème sur 189 en termes d’indice de développement humain (IDH), reste encore redevable de cette somme.

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