Rwanda : décès de Théoneste Bagosora, « le cerveau » du génocide des Tutsi

Décédé dans un hôpital malien le 25 septembre, Théoneste Bagosora avait été l’un des protagonistes les plus influents du régime génocidaire. Le chercheur Jacques Morel revient, pour JA, sur son parcours.

Théoneste Bagosora devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), en 2008. © AP/SIPA

Théoneste Bagosora devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), en 2008. © AP/SIPA

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Publié le 26 septembre 2021 Lecture : 6 minutes.

Les militaires français de l’opération Turquoise (ici à Gisenyi, au Rwanda, le 27 juin 1994) ont-ils reçu l’ordre de réarmer l’armée et les miliciens hutus auteurs des massacres ? © PASCAL GUYOT/AFP
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Depuis 1994, il traînait comme une batterie de casseroles ce surnom superlatif : « le cerveau du génocide ». Et pourtant, après une condamnation en première instance par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à une peine de réclusion criminelle à perpétuité, le colonel Théoneste Bagosora avait vu sa peine ramenée en appel, en 2011, à 35 années de prison quand d’autres génocidaires rwandais, moins influents, avaient écopé d’une condamnation plus lourde.

Farouchement anti-Tutsi, membre éminent de l’Akazu, le clan extrémiste qui entourait le président Juvénal Habyarimana et son épouse et qui est soupçonné d’avoir organisé le génocide, Théoneste Bagosora a été souvent décrit comme le deus ex machina qui a conduit le Rwanda dans l’abîme.

Même s’il avait été placé à la retraite en septembre 1993 en tant qu’officier et que sa fonction officielle, au début du génocide, n’était pas décisive (directeur de cabinet du ministre de la Défense), Théoneste Bagosora semblait tirer les ficelles du Hutu Power et avoir autorité aussi bien sur l’armée que sur le gouvernement intérimaire rwandais (GIR), qui allait assumer la responsabilité politique des massacres.

C’est en référence à lui que le général canadien Roméo Dallaire, qui commandait la Mission des Nations Unies pour le Rwanda (Minuar) entre 1993 et 1994, avait intitulé son livre-témoignage, publié en 2003, J’ai serré la main du Diable.

Depuis sa condamnation, Théoneste Bagosora purgeait sa peine à la prison de Koulikoro, en périphérie de Bamako, aux côtés d’une poignée d’autres anciens responsables rwandais condamnés par le TPIR. Ce 25 septembre, son fils Achille Bagosora a annoncé son décès sur son compte Facebook par un sobre message : « RIP Papa ». Une information confirmée à Jeune Afrique par l’administration pénitentiaire malienne.

Le chercheur et militant Jacques Morel, spécialiste du génocide et auteur du livre de référence La France dans le génocide des Tutsi (L’Esprit frappeur, 2010), revient sur le parcours idéologique et criminel de Théoneste Bagosora.

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