Afrique du Sud : Nkandla, la terre où Zuma est roi

Condamné à quinze mois de prison pour outrage à la justice, l’ancien président a été libéré pour raisons médicales. Il devrait purger le reste de sa peine en son domaine de Nkandla, demeure dispendieuse dont il a fait la base arrière de ses combats politiques et judiciaires.

L’ancien président sud-africain Jacob Zuma, le 4 juillet 2020 devant sa résidence de Nkandla. © EMMANUEL CROSET/AFP

L’ancien président sud-africain Jacob Zuma, le 4 juillet 2020 devant sa résidence de Nkandla. © EMMANUEL CROSET/AFP

Publié le 15 octobre 2021 Lecture : 6 minutes.

La campagne et rien d’autre. Le domaine de Nkandla se niche dans les collines reculées du KwaZulu-Natal. C’est ici que Jacob Gedleyihlekisa Zuma a vu le jour, le 12 avril 1942. Une fois sorti de l’autoroute, il faut emprunter des voies sinueuses et grêlées de nids-de-poule. Le bétail fait parfois obstacle, comme pour rappeler au visiteur qu’il va à la rencontre d’un homme qui, dans son enfance, fut gardien de troupeau. Mais l’opulence de Nkandla Homestead raconte une autre histoire : celle d’un ancien président accusé de corruption et détournement d’argent.

La piscine est un bassin anti-incendie

Ne cherchez pas les dorures. L’ensemble est d’un style rustique, avec des maisons traditionnelles au toit de chaume rond. La propriété, vue de l’extérieur, n’a rien de tape-à-l’œil. Elle est pourtant au cœur de l’un des plus grands scandales de la présidence Zuma. À peine élu en 2009, le nouveau chef de l’État engage des travaux pour sécuriser la parcelle. Ce qui devrait être une mise aux normes se transforme en projet d’agrandissement débridé. Le coût du chantier passe de 1,5 million à 12 millions d’euros, financés sur fonds publics. « Le confort en toute sécurité », résume ironiquement une enquête menée par le Défenseur public.

Chaque aménagement est justifié dans un rapport ministériel favorable au président Zuma. La piscine est un bassin anti-incendie. L’amphithéâtre, un mur de rétention des sols. Ajoutez à cela un centre d’accueil pour les visiteurs, une clinique (présentée comme indispensable dans ce désert médical) ainsi qu’un héliport. Le bétail rumine à l’intérieur d’un nouvel enclos, même la basse-cour est repensée pour des questions de sécurité : la volaille nidifie désormais dans un poulailler où elle ne déclenchera pas les détecteurs de mouvement.

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