Israël déclenche la guerre des Six-Jours

Publié le 6 juin 2006 Lecture : 3 minutes.

« Nous sommes prêts à faire la guerre. Le golfe d’Aqaba appartient à nos eaux territoriales. Nous ne permettrons pas au drapeau israélien d’y passer. Les Juifs menacent de faire la guerre. Qu’ils ne se gênent pas, nous y sommes prêts ! » Ainsi s’exprimait Gamal Abdel Nasser, le 22 mai 1967, au cours d’une rencontre avec des aviateurs dans une base du Sinaï. Le raïs égyptien, qui avait déjà procédé à d’importants mouvements de troupes dans le désert du Sinaï et obtenu le départ des forces de l’ONU, est-il allé trop loin en imposant, le 23 mai, le blocus du détroit de Tiran, qui contrôle le golfe d’Aqaba, seul débouché maritime d’Israël avec l’Asie, puis en signant, le 30, une alliance militaire avec la Jordanie ? L’État hébreu y a en tout cas vu une menace pour sa survie. Et un casus belli justifiant une attaque militaire préventive…

Ainsi, le 5 juin 1967, sous l’impulsion du ministre de la Défense, le général Moshe Dayan, Tsahal déclenche l’opération « Focus ». Vers 7 heures, 180 chasseurs décollent en direction de l’Égypte. La plupart des escadrilles volent à basse altitude au large des côtes vers l’ouest. Quarante-cinq minutes plus tard, elles pilonnent les bases aériennes égyptiennes. Elles détruisent d’abord les pistes pour empêcher les avions égyptiens de décoller. Au bout de trois heures et quelque 500 sorties, 309 des 340 appareils égyptiens sont détruits. Quinze minutes après le début de l’opération, trois divisions blindées, commandées par le général Itzhak Rabin, foncent sur le Sinaï. Privés de couverture aérienne, les blindés égyptiens sont obligés de battre en retraite. Un autre front est ouvert le long de la frontière jordanienne, et on se bat autour de Jérusalem. Les Israéliens conquièrent les collines environnantes. Il leur faudra dix heures de combats, rue par rue, pour prendre la ville.
Le 6 juin, Al-Arich, dans le Sinaï, et l’enclave de Gaza tombent, alors que se poursuivent les affrontements sur la frontière israélo-syrienne. Le 7 juin, les blindés israéliens traversent le Sinaï, tandis que la marine prend le contrôle de Charm el-Cheikh : le détroit de Tiran est rouvert. Toute la ville de Jérusalem et la Cisjordanie sont sous contrôle israélien : le roi Hussein accepte le cessez-le-feu décrété par l’ONU. Le 8 juin, les Israéliens stationnent au bord du canal de Suez. La bataille du Sinaï est terminée, et, vers 23 heures, Le Caire imite Amman.
Grisés par le succès et soucieux d’occuper le maximum de territoires avant le cessez-le-feu, les Israéliens lancent une grande offensive, le 9 juin, sur le plateau du Golan, obligeant les Syriens à jeter l’éponge. Le lendemain, lorsque les affrontements cessent, Israël contrôle le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et les hauteurs du Golan. Pour les pays arabes, les pertes sont lourdes : 20 000 morts pour l’Égypte, 6 000 pour la Jordanie et 500 pour la Syrie, contre « seulement » 800 Israéliens.
En six jours, et au prix d’un refus du cessez-le-feu, Israël a gagné des territoires dont la superficie est quatre fois supérieure à la sienne en 1949. Dans les capitales arabes, c’est la consternation. La défaite est ressentie comme une nakba (« catastrophe »). Elle amène 200 000 nouveaux réfugiés dans les camps de Jordanie, de Syrie ou du Liban. En Cisjordanie, les Palestiniens sont désormais sous occupation israélienne.

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Le Conseil de sécurité de l’ONU met cinq mois pour adopter la résolution 242 exigeant le retrait d’Israël des territoires arabes occupés, contre la cessation de l’état de belligérance, la reconnaissance de tous les États de la région, la libre navigation sur le canal de Suez et dans le golfe d’Aqaba ainsi que la création de zones démilitarisées.
Trente-neuf ans après, cette résolution n’a toujours pas été appliquée, et les frontières issues de la guerre des Six-Jours n’ont pas beaucoup changé. Si le Sinaï a été restitué à l’Égypte le 25 mai 1982, après l’accord de paix israélo-égyptien signé à Camp David en 1979, une partie de la Cisjordanie et Gaza, qui dépendent officiellement d’une fantomatique Autorité palestinienne, sont, en réalité, sous contrôle militaire israélien. Quant à Jérusalem-Est et au Golan syrien, ils sont toujours occupés.

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