Algérie : manque de soins, chômage, refus de visas… le calvaire des éborgnés du Hirak

Victimes d’une bombe lacrymogène ou d’une balle en caoutchouc, ces jeunes Algériens ont vu leur vie basculer un jour de manifestation. Ils veulent aujourd’hui obtenir le statut de victime et une prise en charge de leurs soins à l’étranger.

Marche de la détermination le 1er Mars 2019 à Alger. © Youssef Alfarbi

Marche de la détermination le 1er Mars 2019 à Alger. © Youssef Alfarbi

Publié le 19 janvier 2022 Lecture : 7 minutes.

Ce jour de novembre 2019 dans la ville de Bouira, Rabah Dib, 22 ans, tente avec d’autres manifestants d’empêcher la tenue du meeting du candidat à la présidentielle Ali Benflis. Les contestataires estiment que le scrutin prévu en décembre, après des mois de mobilisation qui ont mené à la chute d’Abdelaziz Bouteflika, est destiné à mettre un terme au Hirak.

Loin de se satisfaire du départ de l’ex-président, les militants du mouvement réclament une refonte complète du système politique. Mais le pouvoir ne l’entend pas de cette oreille et veut siffler la fin de la récréation.

Les médecins tunisiens m’ont dit qu’ils auraient pu faire quelque chose si j’avais été opéré à temps

La police charge les manifestants. Un vieil homme tombe, Rabah se porte à son secours. Il est alors la cible d’un tir frontal d’une balle en caoutchouc. L’Algérie recense son premier éborgné du Hirak. « Je me suis dirigé en titubant vers l’hôpital de Bouira qui n’avait pas les moyens de me prendre en charge. À Alger j’ai sollicité quatre hôpitaux, aucun ne voulait me prodiguer des soins. C’est finalement grâce à une intervention de mes proches que j’ai pu subir 48 heures après, une saturation du globe oculaire, à l’hôpital Mustapha Pacha d’Alger » relate Rabah la gorge nouée. Le père de Rabah, en apprenant la nouvelle de la mutilation de son fils, décède, terrassé par une crise cardiaque. Les techniques de pointe de soin de l’œil, comme le tatouage ophtalmique, les greffes, voire l’éviscération du globe oculaire ne sont pas disponibles en Algérie.

Des traversées clandestines

En janvier 2020, Rabah débourse 100 000 dinars (631 euros) en frais de voyage et consultation en Tunisie. Le verdict est implacable : « Les médecins tunisiens m’ont dit qu’ils auraient pu faire quelque chose si j’avais été opéré à temps de mon traumatisme hémorragique du globe oculaire gauche. »

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