Expatriés : que reproche l’Afrique du Sud à Huawei ?

Malgré les discussions entre les deux parties, aucun compromis n’a été trouvé concernant la part de salariés étrangers dans les effectifs (environ 90 % selon le gouvernement sud-africain). L’affaire est désormais devant la justice.

Stand de Huawei au Mobile World Congress 2015 de Barcelone. © Kārlis Dambrāns/Flickr/Licence CC

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Publié le 14 février 2022 Lecture : 3 minutes.

« En raison du non-respect de la politique d’équité en matière d’emploi, le ministère de l’Emploi et du Travail a entamé une procédure au tribunal aujourd’hui, le 11 février 2022, contre Huawei Technologies South Africa », a indiqué dans un communiqué le gouvernement sud-africain.

Selon ce dernier, la législation locale impose un maximum de 40 % de salariés étrangers dans les équipes. Une proportion que la filiale locale du géant chinois de la technologie n’a pas respectée. Dans le détail, les services du ministère de l’Emploi ont recensé de multiples violations de ces règles à plusieurs niveaux du management.

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Majorité de non-ressortissants du sommet au bas de la pyramide

Selon son audit des effectifs mené il y a deux ans : 100 % des cinq plus hauts gradés de Huawei Technologies South Africa sont des ressortissants étrangers. Au total, 38 % des membres de la « haute direction » sont également des non-nationaux, soit 27 cadres sur 71.

Au niveau inférieur, celui des « professionnels qualifiés », 87 % des employés sont également étrangers, soit 378 salariés non-nationaux sur 435. Toujours plus bas dans l’échelle, 76 % des 181 employés « ayant des compétences techniques » proviennent de l’extérieur du pays. Et si seulement 1 employé parmi des salariés « semi-qualifiés du point de vue technique » est étranger – le gouvernement ne précise par les effectifs à ce niveau hiérarchique –  « , Huawei prévoit une augmentation à 11 [de ces salariés étrangers] dans les deux prochaines années ».

Huawei s’engage à se conformer aux lois et réglementations locales

De fait, pour l’exécutif sud-africain, le non-respect des règles par le groupe chinois, à l’heure actuelle, est aggravé par diverss projets d’augmentation du nombre de salariés étrangers au cours des prochains mois. Ainsi, selon le ministère sud-africain, Huawei prévoit d’accroître de 378 à 405 le nombre de « professionnels qualifiés » venus de l’étrangers dans ses effectifs « au cours des deux prochaines années sans aucune projection d’augmentation pour les groupes désignés [employés sud-africains, ndlr] ».

L'Afrique du Sud fait face à un fort taux de chômage endémique. Ici une vue de Soweto. © Media Club South Africa/Flickr/Licence CC

L'Afrique du Sud fait face à un fort taux de chômage endémique. Ici une vue de Soweto. © Media Club South Africa/Flickr/Licence CC

Recherche d’une solution à l’amiable

À la suite de l’audit de 2020, note l’exécutif sud-africain, « le service juridique de Huawei a contacté le ministère pour tenter de trouver une solution à l’amiable ». La filiale du géant chinois a argué de  l’obtention d’une « autorisation du ministère de l’Intérieur » afin « d’employer le nombre de ressortissants étrangers qu’il emploie ». Pour le ministère du Travail, qui indique avoir collaboré avec celui de l’Intérieur sur ce sujet, Huawei « avait obtenu un permis conformément aux dispositions du règlement sur l’immigration qui exigeait qu’elle emploie 60 % de Sud-Africains et 40 % de ressortissants étrangers ». Par conséquent, le ministère « a décidé de porter cette affaire devant les tribunaux sans plus tarder ».

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De son côté, la filiale de Huawei en Afrique du Sud a indiqué, dans un message à l’agence Reuters, qu’elle « s’engageait à poursuivre le dialogue avec le ministère sur notre plan d’équité [dans l’accès au travail]. « Huawei s’engage à se conformer aux lois et réglementations locales », a ajouté le groupe technologique.

L’Afrique du Sud fait face à un taux de chômage endémique particulièrement élevé. Selon les données de l’Organisation mondiale du Travail, il n’a jamais été en-dessous de 20 % de la population active depuis la fin de l’Apartheid en 1994. Entre 2008 et 2020, le taux de chômage dans l’économie la plus industrialisée d’Afrique a grimpé de 22,4 % à 28,74 % de la population. Une situation rendue encore plus difficile par les profondes inégalités économiques comme raciales qui frappent le pays, et qu’a exacerbées la crise du Covid-19.

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« Les défis structurels et la faiblesse de la croissance ont sapé les progrès réalisés dans la réduction de la pauvreté, qui a été accentuée par la pandémie de Covid-19. La réalisation de progrès en matière de bien-être des ménages est fortement limitée par la hausse du chômage, qui a atteint un taux sans précédent de 34,4 % au deuxième trimestre de 2021. Le taux de chômage est le plus élevé chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans, soit environ 64 % », s’alarmait en octobre dernier la Banque mondiale.

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