Burkina : Damiba investi président du Faso

Paul-Henri Sandaogo Damiba a été investi, ce mercredi, par le Conseil constitutionnel lors d’une cérémonie sobre, quelques semaines après que le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a renversé le président Kaboré.

Paul-Henri Sandaogo Damiba a prêté serment le mercredi 16 février en tant que président du Faso. © DR / Présidence du Faso.

Publié le 16 février 2022 Lecture : 3 minutes.

Vêtu d’un treillis militaire ceint d’une écharpe aux couleurs du Burkina, la tête coiffée d’un béret rouge, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba a prêté serment devant le Conseil constitutionnel, ce mercredi 16 février. « Je jure devant le peuple burkinabè […] de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution, l’acte fondamental et les lois » du Burkina, a-t-il déclaré lors d’une cérémonie retransmise par la télévision nationale.

La prestation de serment s’est tenue dans une petite salle du Conseil, où seule la presse officielle a été admise. Plusieurs heures auparavant, l’accès au bâtiment était contrôlé par un important dispositif des forces de sécurité dressé dans un rayon de 100 m autour du siège de l’institution, à Ouagadougou.

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Le lieutenant-colonel Damiba, 41 ans, a pris le pouvoir le 24 janvier à Ouagadougou après deux jours de mutineries dans plusieurs casernes du pays, renversant le président élu Roch Marc Christian Kaboré, accusé notamment de pas avoir mis fin à la violence jihadiste qui frappe le Burkina depuis près de sept ans. Il a mis en place une junte appelée Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), qui a pour priorité « la sécurité ».

Réorganisation de l’armée

Dans son discours d’investiture, Damiba a réaffirmé que la restauration de l’intégrité du territoire était une « priorité absolue ». « Ce chantier, déjà engagé à travers la création du Commandement des opérations du théâtre national [COTN], implique de redynamiser la connexion entre la fonction renseignement et les opérations sur le terrain », a-t-il ajouté. Créé le 4 février, le COTN est chargé de « concevoir, organiser et soutenir les opérations de sécurisation du territoire national ». Damiba a également procédé à une réorganisation au sein de l’armée.

Le président du Faso, qui a promis de « gouverner par l’exemple », a pris des engagements en matière de la lutte contre la corruption et l’impunité.  Une déclaration de ses biens a ainsi été remise au président du Conseil constitutionnel, Kassoum Kambou. « Il faudra en effet que les dossiers de crimes économiques, trop longtemps restés dans les tiroirs, soient examinés au plus vite pour assainir les bases de la nouvelle administration », a-t-il estimé.

Enfin, Damiba a remercié la communauté internationale « pour tous les efforts consentis pour accompagner le Burkina Faso ». « Dans la logique de sa tradition d’ouverture, le Burkina Faso réitère sa disponibilité à travailler en toute souveraineté avec tous les partenaires dans le respect mutuel », a-t-il repris. Aucun représentant étranger n’a toutefois assisté à cette prestation de serment.

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Solennelle et sobre, la cérémonie a été marquée par la présence de l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo, par celle des présidents d’institution et de la secrétaire générale du gouvernement, Nana Fatoumata Benon. Également présents, les secrétaires généraux des institutions et ministères, ainsi que des représentants des autorités coutumières et religieuses. Le nouveau chef d’état-major des armées, le colonel-major David Kabré, des représentants des autorités militaires et du MPSR et des directeurs généraux des corps para-militaires avaient eux aussi été conviés.

Damiba a dit vouloir un processus inclusif pour prendre en compte les aspirations du peuple burkinabè. « J’ai la conviction qu’il n’y a pas de fatalité dès lors que nous mettons toutes nos forces ensemble », a-t-il déclaré.

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L’annonce de cette prestation de serment avait suscité une polémique la semaine dernière. Certains juristes estimaient que cela équivalait à une reconnaissance du coup d’État comme moyen légitime d’accéder au pouvoir. Le Conseil, qui avait constaté la vacance du pouvoir après la démission de Kaboré, avait déclaré Damiba « président » et lui avait notifié, le 9 février, qu’il était également « chef de l’État » et « chef suprême des armées ». Le lieutenant-colonel Damiba devient donc officiellement le président de la transition et ce, jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel.

Avec AFP

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