Hausse des prix en Tunisie : Fadhila Rabhi, la ministre qui veut sucrer les subventions

L’abus de subventions nuirait à la santé … Si l’on en croit la ministre tunisienne du Commerce et du Développement des exportations, la consommation du sucre ne devrait plus être encouragée par l’État.

© Damien Glez

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Publié le 22 février 2022 Lecture : 2 minutes.

Les Tunisiens gourmands devront-ils rationner leur consommation d’assida zgougou, de palouza, de baklawas à la pâte filo ou de crème brûlée parfumée au géranium ? Ce 21 février, la ministre tunisienne du Commerce et du Développement des exportations réagissait à la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens, notamment à la hausse de prix alimentaires pourtant subventionnés. Invitée de la radio nationale, Fadhila Rabhi rivalisait de pédagogie pour expliquer la réalité et les limites des interventions gouvernementales dans le commerce des produits de base, non sans dénoncer la spéculation, le gaspillage ou encore la contrebande qui fait s’envoler la semoule de couscous tunisien subventionné vers les marchés parallèles « du Niger, du Soudan et du Tchad ».

L’argument «santé»

Évoquant des produits aussi différents que l’huile végétale, les œufs, le lait ou la viande rouge, elle a décrit les procédures mises en place pour éviter les pénuries. Elle s’est surtout appesantie sur deux produits, dont le très symbolique pain, rappelant la « part de farine fournie quotidiennement à chaque boulangerie », la nécessaire répartition de son utilisation sur toute la journée et la réalité des coûts et prix. Selon Fadhila Rabhi, « le prix réel de la baguette vendue à 0,190 dinars est de 0,420 dinars (respectivement 0,05 et 0,128 euro) »…

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Le second produit largement évoqué par le membre du gouvernement pourrait faire l’objet d’une autre stratégie. Si le prix réel d’un kilo de sucre était de 2 200 (674 euros) dinars alors qu’il est vendu 1 400 dinars (229 euros), la question serait moins d’ajuster les subventions que la consommation dudit produit. Car Fadhila Rabhi a tenu à signaler que la saccharose ne nuit pas seulement au budget de l’État – pertes quotidiennes de 1,3 million de dinars (soit 397 000 euros), en sucre et café, pour l’Office du commerce tunisien. Celle-ci nuit également « à la santé ». Dans cette logique, la ministre – pas encore en charge du portefeuille des questions sanitaires – est lapidaire : le sucre « ne doit pas être subventionné »…

Le ramadan approche

Dans ces préoccupations “glycémiques” jugées opportunistes, des sites comme tunisienumerique.com lisent des « acrobaties de la ministre du Commerce pour imposer la fin des subventions ». Dans une quarantaine de jours, le débat sera plus difficile à imposer. Le lancement du mois du ramadan fera la part belle aux gâteaux très sucrés censés compenser, après la rupture du jeûne, la privation de nourriture.

Si les propos de Fadhila Rabhi sont empreints de calculs politico-budgétaires, il n’en demeure pas moins que des nutritionnistes alertent régulièrement sur l’excès de sucre dans l’alimentation tunisienne. On évoque ainsi la présence de plus de 300 calories dans 100g de zlabia, ce beignet enrobé de sirop au miel et à la fleur d’oranger. Autant que dans 100 grammes de crème fraîche ou 3 verres de soda au cola. Le sucre et les subventions devraient tous les deux être utilisés avec modération…

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