Sénégal : un imam accuse les catholiques d’être des « mécréants » et déclenche la colère de l’Église

Les associations et mouvements catholiques sénégalais exigent des excuses après les propos de l’imam Serigne Lamine Sall qui a considéré les catholiques – de même que les francs-maçons et les juifs – de « mécréants ». Des propos qui ont déclenché une très vive polémique.

Façade de la cathédrale Notre Dame des Victoires, le 26 mai 2004 à Dakar. © AFP

Publié le 1 mars 2022 Lecture : 2 minutes.

Le 24 février, l’imam Serigne Lamine Sall était invité sur le plateau de la chaîne de télévision locale Walf TV où il a notamment affirmé que les catholiques étaient « condamnés de la même manière » que les francs-maçons et les juifs dans l’islam. Selon lui, il n’existe que deux religions, « l’islam et les mécréants ». Les propos de l’imam sont « inadmissibles et ne peuvent être justifiés que par le mépris, l’indécence et l’ignorance », a estimé le 1er mars lors d’un point presse à l’archidiocèse de Dakar Philippe Abraham Birane Tine, le président du Conseil national du Laïcat, qui rassemble les associations et mouvements catholiques du pays.

« Une parole de trop »

Ces propos ont déclenché une vive polémique au Sénégal, pays ouest-africain réputé pour sa tolérance, avec une population musulmane à près de 95%. Parmi les réactions, Mame Mactar Guèye, vice-président de Jamra, une ONG islamique, a estimé sur une radio que « l’imam Serigne Lamine Sall aurait pu se passer de ces propos malheureux à l’égard de la communauté chrétienne. C’est (une) parole de trop ».

À offense publique, réparation publique

la suite après cette publicité

L’Eglise catholique du Sénégal a réclamé mardi des excuses de la part de l’imam Sall et demandé aux autorités une « autosaisine » du procureur dans ce type d’affaires. « Ce que nous attendons n’est pas compliqué: il y a un adage qui dit à offense publique, réparation publique. Nous souhaitons que l’imam revienne dans l’émission où il a parlé et qu’il présente ses excuses », a expliqué l’abbé Alphonse Birame Ndour, vicaire épiscopal de l’Église catholique du Sénégal, chargé du dialogue interreligieux.

Cohésion nationale

En outre, selon lui, le parquet doit s’autosaisir car dès lors qu’il y a « flagrant délit et que la cohésion nationale peut être menacée ». « L’offense n’est pas faite seulement à la communauté chrétienne mais au Sénégal tout entier », a-t-il ajouté.

Pour Philippe Abraham Birane Tine, qui a qualifié les propos de l’imam de « discriminatoires, outrageants, agressifs », ces derniers « confortent notre certitude que les fondements de notre nation sont en danger ». Il a par ailleurs appellé le président sénégalais Macky Sall a mettre « tout en œuvre pour que, désormais, les coupables de telles forfaitures soient repérés et sanctionnés ».

Avec AFP

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Sénégal : Jamra, censeurs ou lanceurs d’alerte ?

Contenus partenaires