Djibouti – Ismaïl Omar Guelleh : « Je ne permettrai pas qu’on touche à la Constitution »

L’instabilité qui prévaut dans la Corne de l’Afrique, la situation en Éthiopie, sa prise de position contre la guerre en Ukraine, mais aussi ses propres ambitions et celles qu’il nourrit pour son pays… Réélu il y a tout juste un an pour un cinquième mandat, le président djiboutien s’est confié à Jeune Afrique.

Ismaïl Omar Guelleh au palais présidentiel de Ras Dika à Djibouti, en octobre 2020. © Vincent Fournier pour JA

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 6 avril 2022 Lecture : 17 minutes.

Saluée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour sa gestion au cordeau de la pandémie, plus que jamais courtisée pour avoir su faire de son emplacement géostratégique exceptionnel un hub logistique attractif pour les bases militaires et les investissements directs étrangers, portée par un taux de croissance à 6 % et un plan national de développement à 12 milliards d’euros, la République de Djibouti surfe sur l’émergence, à quelques semaines du 45e anniversaire de son indépendance. Une réussite globale qui n’exclut pas de réels points de fragilité : la dépendance commerciale à l’égard d’une Éthiopie en crise, le risque de surendettement, l’environnement encore difficile des affaires, la pauvreté et le chômage endémiques et la restriction de certaines libertés formelles.

Autant de défis à résoudre pour un président de 74 ans, au pouvoir depuis 1999 et réélu pour un cinquième mandat il y a tout juste un an. À cet ancien fonctionnaire de la police coloniale française, écarté pour sympathies indépendantistes avant de devenir le bras droit puis le dauphin du premier chef de l’État, Hassan Gouled, à ce pieux partisan d’un « islam du juste milieu » dont la main de fer dans un gant de velours a résisté aux soubresauts du Printemps arabe et aux velléités des Frères musulmans, le million de Djiboutiens doit la stabilité, l’inscription de leur petit pays sur la grande carte de la mondialisation et le droit de rêver à un avenir prospère.

Au cours de cet entretien, recueilli à la fin février au Palais de Ras Dika, Ismaïl Omar Guelleh s’explique sur tous ces sujets – y compris les plus sensibles aux yeux de cet homme pudique et secret.

Jeune Afrique : Un an après une réélection placée sous les thèmes du « continuer ensemble » et de la réduction des inégalités, où en êtes-vous de vos promesses dans le domaine – crucial à Djibouti – de la lutte contre la grande pauvreté qui frappe près de 18 % des familles du pays ?

Ismaïl Omar Guelleh : Cela a toujours été un chantier prioritaire. Si, malgré la lourdeur de la tâche que j’exerce depuis près de vingt-trois ans, je me suis résolu à être de nouveau candidat en 2021, c’était avant tout pour répondre à l’appel de cette partie de la population, les pauvres, ceux qui ont faim, les handicapés, les jeunes chômeurs, ceux qui sont dépourvus de tout. Cette légion des défavorisés souhaitait que je poursuive et que j’accentue mes efforts pour la sortir de la précarité. Et c’est précisément ce que je fais, avec des résultats que chacun peut mesurer.

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité

La rédaction vous recommande

Djibouti au-dessous du volcan, par François Soudan

Contenus partenaires