Avec le rachat de Distell, Heineken se met en ordre de bataille sur les marchés anglophones

Annoncées en novembre 2021 et en voie de finalisation, les acquisitions de Distell et de Namibia Breweries traduisent l’affermissement des ambitions africaines du géant néerlandais face à la concurrence.

Le rachat du sud-africain Distell par Heineken est évalué à 2,2 milliards d’euros. © Vincent Fournier/JA

Julien_Clemencot

Publié le 31 mars 2022 Lecture : 3 minutes.

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Les 500 premières entreprises africaines en 2022

La 23e édition du Top 500 porte les stigmates de la pandémie. Ce classement exclusif fondé sur les performances de 2020 – on était alors au plus fort de la tourmente – le reflète. Les grandes entreprises ont subi un choc inédit.

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Deuxième plus gros brasseur du monde, Heineken a longtemps laissé l’Afrique, jugée peu attractive, à ses concurrents. Puis, l’analyse de ses dirigeants s’est affinée et les investissements se sont multipliés : en 2011, en Éthiopie ; en 2015, en Afrique du Sud ; en 2017, en Côte d’Ivoire et, en 2018, au Mozambique.

En novembre dernier, le géant néerlandais a franchi un nouveau cap en annonçant la prise de contrôle du groupe de vins et spiritueux sud-africain Distell. L’opération est évaluée à 2,2 milliards d’euros, dont 1,3 milliard seront directement déboursés par l’acheteur. Le reste sera compensé par un apport d’actions de la filiale d’Heineken en Afrique du Sud.

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Nommé en juin 2020 à la tête du brasseur géant néerlandais, Dolf van den Brink réalise avec ce deal sa première opération de croissance, après avoir d’abord cherché à retrouver des marges de manœuvre financières en supprimant 8 000 emplois.

Présence musclée dans le sud et l’est du continent

Heineken muscle ainsi sa présence sur les marchés d’Afrique australe et certains marchés d’Afrique de l’Est où il affronte le groupe britannique de vins et spiritueux Diageo et le leader mondial de la bière belgo-brésilien AB InBev, qui en 2015 a acquis le sud-africain SAB Miller.

Le montant de la prise de contrôle de Namibia Breweries est évalué à 400 millions d’euros

Les discussions exclusives entre les parties ont débuté en mai 2021. Heineken est conseillé par les cabinets d’avocats néerlandais De Brauw Blackstone Westbroek, sud-africain Webber Wentzel et la banque d’affaires japonaise Nomura. Distell s’est lui appuyé sur les juristes sud-africains d’ENSafrica et la banque locale RMB.

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Ce deal permet au groupe basé à Amsterdam de mettre la main des marques populaires comme la liqueur Amarula, les vins Nederburg et Two Oceans et le cidre Savanna. Distell, deuxième producteur de cidre mondial, réalise 75 % de ses revenus en Afrique du Sud.

Offrir de nouvelles perspectives de croissance

En février, la majorité des actionnaires du groupe sud-africain ont validé le projet du brasseur. Celui-ci prévoit en outre la cession d’une partie du portefeuille de Distell, composé notamment des whiskies écossais Bunnahabhain, Deanston et Tobermory. Ces marques seront réunies dans un holding contrôlé par la société sud-africaine d’investissement Remgro, dont Heineken restera l’un des actionnaires minoritaires. Trois mois auparavant, en novembre, le groupe néerlandais avait aussi indiqué son intention de prendre le contrôle de Namibia Breweries, dont il détient déjà 49 % des parts. Le montant de cette transaction est évalué à 400 millions d’euros.

Ne vous attendez pas à ce que nous achetions des entreprises de vins et spiritueux partout dans le monde

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À l’issue de ces deux opérations de rachat qui sont sujettes à l’approbation de l’ensemble des actionnaires et des régulateurs et devraient aboutir au troisième trimestre 2022, l’objectif d’Heineken est de créer un champion régional du secteur des boissons. Les actifs de Distell, de Namibia Breweries et les filiales d’Heineken seront contrôlés par le numéro deux mondial de la bière à travers un holding nommé Newco qui pèsera quelque 4 milliards d’euros.

Pour Dolf van den Brink, cette nouvelle organisation permettra de créer des synergies commerciales et logistiques entre les marques en Afrique du Sud, en Namibie, et offrira de nouvelles perspectives de croissance dans d’autres marchés comme le Kenya ou la Tanzanie. « Ne vous attendez pas à ce que nous achetions des entreprises de vins et spiritueux partout dans le monde », a-t-il par ailleurs déclaré à cette occasion pour marquer la singularité de ces acquisitions.

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