Islamisme au Maghreb
Publié le 2 février 2004 Lecture : 1 minute.
A Tunis, au troisième jour du ramadan, le président Habib Bourguiba a prononcé un discours devant les cadres de la nation. Il s’est fait apporter à la tribune, à 10 heures du matin, un jus d’orange qu’il a bu d’un seul trait devant 1 000 personnes et sous les feux des caméras des actualités. Un tel spectacle serait inconcevable à Alger où le climat est à l’austérité et à l’observance stricte des règles religieuses.
Les Algériens font-ils vraiment tous carême ? Non, sans doute. Mais ils ont tous l’art de le faire croire. Nul n’oserait fumer dans la rue ou entrer dans un restaurant avant la rupture du jeûne. Pourquoi ? Ce comportement traduit, en fait, un fort courant d’islamisme encouragé par les uns, supporté par les autres. L’islamisme n’est évidemment pas nouveau, mais il se traduit maintenant politiquement. Il y a dix jours environ, une conférence (la première du genre) groupait quelques centaines d’islamistes sous l’égide de Mohamed Khider. Les congressistes lançaient l’anathème contre les incroyants et contre les ennemis de l’islam. Allait-on voir se lever l’ombre des « frères musulmans » à Alger au moment où la Commission de préparation du Congrès du FLN doit définir les positions idéologiques du parti ?
« Nous devons, disent les uns, nous référer explicitement à l’islam et aux valeurs religieuses. » Les autres préfèrent mettre l’accent sur la culture arabo-islamique et laissent entendre qu’introduire des références religieuses conduirait rapidement à une négation des options socialistes du régime.
Quant à la position de l’Armée nationale populaire, exprimée dans sa revue El-Djeich, elle est ferme : « Des menaces continuent de planer sur notre évolution et sur ses conquêtes. Des hommes manoeuvrent dans l’ombre, exploitant nos insuffisances et nos contradictions. Un grand nombre de ces éléments réactionnaires et exploiteurs se trouvent au sein de nos appareils administratifs et politiques. Il est nécessaire de choisir des hommes épousant l’orientation que s’est donnée le pays… »
