Tunisie : Kaïs Saïed veut mettre le holà aux financements étrangers des ONG
Grassement financé, notamment par l’Union européenne, mais sans aucun résultat tangible, le secteur associatif est dans le collimateur des autorités, qui veulent mettre fin aux abus. Au risque de jeter le bébé avec l’eau du bain…
Quand Josep Borrell, le peu prolixe chef de la politique étrangère du premier partenaire de la Tunisie, suggère, à la veille du sommet Union européenne-Union africaine de février 2022, de suspendre, en attendant « un retour à la normalité démocratique », l’aide macro-financière attribuée à la Tunisie, il provoque aussitôt l’émoi des autorités du pays, mais aussi celui de sa société civile.
Car il menace ainsi de mettre fin à une phase de mansuétude de l’Union européenne (UE) à l’égard du seul pays du Printemps arabe à avoir entamé une transition démocratique, mais dont les acquis, estime Bruxelles, ont été remis en question par le « coup de force institutionnel » du président de la République, Kaïs Saïed, et qui, autre sujet préoccupant, demeure un point de passage de l’immigration irrégulière.
Explosion du nombre d’associations
Les propos de Borrell inquiètent beaucoup de Tunisiens, qui n’imaginaient pas que cette manne financière pût se tarir. Ils avaient pourtant été mis en garde dès 2018. L’ancien ambassadeur de l’UE en Tunisie, Patrice Bergamini, avait signalé que « la fenêtre pour aboutir à des réformes et adopter des programmes était de deux ans ».
Mais certains estimaient que ces financements relevaient d’un dû. Une façon pour les partenaires étrangers de se racheter de leur complaisance passée à l’égard du régime de Ben Ali. D’autres en ont tout simplement profité. Une ancienne présidente d’association œuvrant à « l’apprentissage de la citoyenneté » en 2012 assurait à ses amis avoir engrangé plus de 1 million de dinars (308 000 euros au taux d’aujourd’hui) de subventions européennes avant de cesser en 2015 une activité qu’elle présentait pourtant comme un devoir patriotique.
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