Forum mondial de Dakar : Macky Sall alerte sur la raréfaction de l’eau

Le chef de l’État sénégalais, président en exercice de l’Union africaine, a ouvert le 9e Forum mondial de l’eau en présence de plusieurs chefs d’État, dont le Congolais Denis Sassou Nguesso et le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embaló.

Macky Sall, le 17 septembre 2021. © Papa Matar Diop/ Présidence du Sénegal

Publié le 21 mars 2022 Lecture : 3 minutes.

Macky Sall a donné lundi le coup d’envoi du 9e Forum mondial de l’eau à Diamniadio, près de Dakar, en vue de « sonner l’alerte » sur la « raréfaction des ressources hydriques » dans le monde et en particulier en Afrique. Dans son discours d’ouverture, le président sénégalais a souligné que cet événement se déroulait « alors que la raréfaction des ressources hydriques et la dégradation de l’environnement continuent de s’aggraver ». Pour Macky Sall, qui cite un rapport de l’ONU, « la situation n’est pas rassurante », notamment car « deux personnes sur cinq dans le monde vivent dans des régions où l’eau est rare ».

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L’UA au G20 ?

« Tout laisse croire que si rien n’est fait, la situation ira de mal en pis », a-t-il dit en assurant que le 9e Forum mondial de l’eau était « l’occasion de sonner l’alerte sur la gravité de la situation ». Il a également suggéré que « compte tenu des enjeux globaux (…) il semble nécessaire que le G20 s’élargisse et élargisse sa composition. L’UA pourrait ainsi en devenir membre » car « l’Afrique compte plus d’un quart des pays membres des Nations unies ».

Ce forum, organisé pour la première fois en Afrique de l’Ouest, se déroulera jusqu’au 26 mars avec pour thème « la sécurité de l’eau pour la paix et le développement ». Plusieurs chefs d’État étaient présents lundi à la Dakar Arena, à Diamniadio, dont le Congolais Denis Sassou Nguesso ou le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embaló. L’empereur du Japon, Naruhito, s’est lui exprimé par visioconférence.

Partie prenante dans l’organisation du forum, Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Unesco, assistait également à la cérémonie. « La gestion durable de la ressource en eau est un enjeu majeur du XXIe siècle. Ce forum doit permettre de renforcer les actions multilatérales dans ce domaine. Mieux gérer l’eau, cela implique d’éduquer, de former et de sensibiliser. J’appelle à un engagement fort des États », avait-elle déclaré dans un communiqué récent.

Le président sénégalais Macky Sall accueille son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso, le lundi 21 mar en amont du 9e Forum mondial de l'eau à Dakar. © DR / Présidence sénégalaise

Le président sénégalais Macky Sall accueille son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso, le lundi 21 mar en amont du 9e Forum mondial de l'eau à Dakar. © DR / Présidence sénégalaise

L’appel de l’Unesco

Ces débats s’ouvrent alors que l’Unesco vient de publier un rapport mettant en exergue le potentiel des eaux souterraines susceptibles de générer des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux, à condition qu’elles soient gérées de façon durable. Ce document de 272 pages intitulé Eaux souterraines : rendre visible l’invisible souligne notamment que les eaux souterraines représentent près de 99 % des réserves d’eau douce sur Terre. Mais ces dernières, « comme les bénéfices directs et indirects qu’elles procurent, passent trop souvent inaperçues ou sont ignorées, laissant de nombreux aquifères [roches réservoirs] sans protection adéquate », déplore l’Unesco. Par conséquent, les réserves mondiales d’eaux souterraines sont souvent mal gérées, sous-évaluées et exposées à des risques de pollution.

Un nombre croissant de ressources en eau sont polluées, surexploitées et asséchées par l’être humain

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Les eaux souterraines fournissent la moitié du volume d’eau prélevé dans le monde, selon l’Unesco. Elles sont utilisées par la population mondiale à des fins domestiques, pour l’agriculture et l’industrie. « Un nombre croissant de ressources en eau sont polluées, surexploitées et asséchées par l’être humain, avec parfois des conséquences irréversibles. Il est essentiel d’utiliser plus intelligemment le potentiel des ressources en eaux souterraines, encore peu exploitées », estime Audrey Azoulay.

Selon un diplomate de l’Unesco, l’organisation onusienne entend « appeler à une mobilisation des États en vue de la mise en place d’une coordination à l’échelle mondiale ». L’Unesco souligne également que la consommation d’eau devrait augmenter en moyenne de 1% par an durant les 30 prochaines années. Dans ce contexte, les eaux souterraines pourraient par exemple offrir « des solutions pour atténuer le changement climatique », selon le rapport qui précise que les aquifères « possèdent une capacité de tampon unique, capable de limiter l’impact des variations climatiques ».

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Meilleure gouvernance

Le rapport recommande notamment l’irrigation via des systèmes de pompage d’eaux souterraines à énergie solaire. Par ailleurs, il préconise une meilleure « gouvernance » pour gérer les ressources en eaux souterraines, avec « des connaissances de base, une capacité institutionnelle, des lois, des règlements et leurs outils d’application, des politiques et une planification, une participation des parties prenantes ainsi que des financements appropriés ».

L’accès aux ressources en eaux souterraines se heurte à un problème d’expertise en particulier dans les pays d’Afrique subsaharienne qui nécessitent un accompagnement. Le document encourage ainsi les gouvernements à « créer et enrichir une base de connaissances dédiée aux eaux souterraines » afin de partager les données. Il appelle notamment les industries pétrolières et minières à partager leurs « données, informations et connaissances » au bénéfice des acteurs de la gestion des eaux souterraines.

(Avec AFP)

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