RDC : découverte par Niska, Davinhor secoue le game à Kinshasa

Repérée par Niska, dont elle partage les racines congolaises, la rappeuse de 25 ans qui vient de sortir son premier album, « Indomptable », chez Capitol, est bien décidée à montrer de quel bois elle se chauffe.

Si Davinhor n’a aucun souvenir de son pays natal, qu’elle a dû quitter à l’âge de trois ans, elle rend hommage à la musique qui a bercé son enfance : la rumba congolaise. © Capitol

eva sauphie

Publié le 6 avril 2022 Lecture : 3 minutes.

Crop top, veste en similicuir et jogging assorti, la rappeuse de 25 ans, griffes XXL au bout des doigts et abdos de sortie, est prête à débiter ses vers musclés sur une scène aux allures de ring de boxe. « Et je les piétine en talons, dis-moi qui porte le pantalon », confirme-t-elle dans le clip d’Indomptable, extrait de son premier album éponyme.

Davinhor, son vrai prénom fusion de ceux de ses parents, David et Hortense – a pourtant des allures de jeune fille sage quand on la retrouve dans les locaux parisiens de sa nouvelle maison de disques Capitol, filiale d’Universal.

Être une femme dans le milieu de l’art n’est pas chose facile

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Escortée de son spitz allemand, Ginger, l’ancienne athlète tout en jambes s’affiche cette fois-ci en mini robe et blouse d’écolière blanche, un sac de dame griffé au bras. Et vient balayer d’un revers de main (ultra baguée !) l’idée selon laquelle une rappeuse ne peut pas être sexy, féminine et faire du rap hardcore.

Indépendance et confiance en soi

« Être une femme dans le milieu de l’art n’est pas chose facile. Toutes les rappeuses ne signent pas sur une major, on nous met souvent en concurrence », regrette-elle. Ce qui n’a pas empêché cette fan de l’Africaine-Américaine Cardi B de collaborer avec de dignes représentantes de la scène actuelle comme la Franco-Malgache Chilla, la Brésilienne Bianca Costa, la rappeuse d’origine ivoirienne Le Juiice et la Gabonaise Vicky R sur le morceau « Ahoo » (plus de 4 millions de streams), extrait du documentaire Reines diffusé cette année sur Canal +. « Une avancée pour le rap féminin », assure celle qui compte bien continuer à porter la couronne.

Si Davinhor ne se revendique pas franchement féministe, elle prône l’indépendance et appelle à la confiance en soi avec franc-parler, notamment sur Snapchat où elle s’est fait repérer par ses futurs producteurs, les Daltonnes, en 2018. Rap game oblige, l’autonomie passe pour celle qui a quitté le foyer familial à 18 ans pour s’installer à Creil, en région parisienne, par le cash et le bling. Mais pour la Congolaise née à la fin des années 1990 à Kinshasa, soit en pleine guerre du Congo, fille d’un père emprisonné à plusieurs reprises pour ses prises de positions en faveur des droits humains, il faut percer.

Nous les Congolais, on est partout !

« Cette rage qui ressort dans mes textes et mon flow me vient de mon envie de réussir cette vie coûte que coûte. Je suis une fille de foyer, j’ai grandi entourée de réfugiés politiques venus du Congo, d’Arménie, du Tchad ou du Nigeria toute mon enfance et adolescence, se souvient-elle. Mes parents travaillaient au noir pour s’en sortir, parfois il n’y avait pas de sous. Mais j’ai eu la chance d’avoir des parrains, des Français, qui m’ont aidée. Grâce à eux, j’ai pu faire de l’équitation, de l’athlétisme… », reconnaît celle qui a abandonné les bancs de l’école pour traîner dans les studios de musique.

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La musique en héritage

« J’suis quelqu’un, toi t’es qui ? », interroge-t-elle, crâneuse, dans l’un de ses morceaux, devenu viral à la suite de son passage dans l’émission Planet rap du rappeur français d’origine congolaise, Niska, qui a très tôt senti le potentiel de cette kickeuse autoproclamée.

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« Nous les Congolais, on est partout !, rigole-t-elle. Notre musique est notre héritage, c’est ce que nos grands-parents nous ont laissé. » Si la rappeuse n’a aucun souvenir de son pays de naissance qu’elle a dû quitter à l’âge de trois ans, elle rend hommage à la musique qui l’a bercée, la rumba congolaise. « Dans « Flocko », mon titre avec Le Juiice, je reprends le même refrain que Pepé Kallé, sur son morceau « O nager ». C’est un clin d’œil important pour moi », assure l’artiste qui peut compter sur une base de fan congolaise solide.

« Je reçois plein de messages des populations sur place, on m’appelle « Mwana Mboka », ça veut dire « l’enfant du pays ». C’est un soutien de dingue », apprécie la rappeuse qui espère un jour pouvoir se produire sur le continent.

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