Télécoms : Etisalat se renforce sur le continent via Vodafone, maison mère de Vodacom

Le groupe émirati vient de racheter près de 10 % du capital de l’opérateur britannique Vodafone, actionnaire majoritaire de Vodacom en Afrique.

Le siège de Vodacom se trouve à Midrand, en Afrique du Sud. © Photographer: Nadine Hutton/Bloomberg via Getty Images

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Publié le 20 mai 2022 Lecture : 2 minutes.

Etisalat – récemment rebaptisé « e& » – étend son influence sur le marché africain des télécommunications. Le groupe émirati, contrôlé par l’État arabe, vient d’annoncer une prise de participation de 9,8 % dans le capital du groupe britannique Vodafone, dirigé par Nick Read. L’opération, évaluée à 4,4 milliards de dollars (près de 4,2 milliards d’euros), fait d’Etisalat le principal actionnaire d’un des leaders des télécoms européennes et, indirectement, panafricaines. Vodafone contrôle en effet 60,5 % de Vodacom, sa filiale panafricaine présente dans neuf marchés du continent.

Éviter les contraintes réglementaires

Dans un communiqué diffusé à la presse, e& exclut de monter progressivement au capital du britannique, précisant vouloir demeurer « un actionnaire de long terme dans Vodafone et ne chercher à contrôler ou influencer ni le conseil d’administration ni l’équipe dirigeante ».

Acquérir 9,8 % est une limite qui permet à e& de ne pas s’attirer des contraintes réglementaires et boursières

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Dans ce contexte, le choix d’acquérir moins de 10 % de Vodafone n’est pas anodin, analyse un bon connaisseur des différentes réglementations internationales : « Du point de vue purement réglementaire, les clauses inscrites dans les cahiers des charges des opérateurs stipulent souvent que tout changement de l’actionnariat du titulaire de la licence ou de l’entité qui la détient, impactant plus de 10 % du capital, doit être notifié au régulateur ou soumis à son approbation. Acquérir 9,8 % est donc sûrement une limite qui permet à e& de ne pas s’attirer des contraintes réglementaires et boursières », indique-t-il. L’opération évitera ainsi des lenteurs administratives, notamment en Égypte, où e& et Vodafone sont tous les deux des acteurs du marché.

Empreinte africaine

Ce deal apporte un peu d’air au groupe européen, qui contrôle 21 filiales dans le monde et traverse une période difficile. Vodafone est sous la pression des marchés financiers, vent debout contre sa politique d’investissement intense dans la 4G, la 5G et la fibre, alors que les marges fondent sur ses marchés occidentaux. Le groupe a ainsi vu sa valeur se réduire de moitié en cinq ans malgré de récents résultats satisfaisants, à près de 45 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 6,4 milliards de dollars (environ 6,1 milliards d’euros) apportés par Vodacom.

Quant à e&, cette transaction lui permet de s’imposer un peu plus en Afrique. L’Émirati y détient déjà IAM (Maroc Telecom), dont il a fait l’acquisition en 2013 et qui est effectivement présent dans 12 pays, sous le nom de Moov Africa pour ses filiales subsaharienne et de Maroc Telecom, maison mère de ces actifs africains. Cette branche continentale a enregistré un chiffre d’affaires de près de 36 milliards de dirhams, soit 3,4 milliards d’euros environ.

À noter que le changement de nom d’Etisalat s’accompagne également d’un changement de stratégie : e& se présente désormais comme un conglomérat d’investissement concentré sur les opérations de fusion et acquisition dans le secteur des nouvelles technologies. Pour concrétiser ce virage tech, l’Émirati a récemment multiplié les partenariats avec des géants internationaux, comme Meta (ex-Facebook), Microsoft ou Nokia.

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