[Enquête] D’Alpha Oumar Konaré à Alpha Condé : Samba Bathily, le « Bernard Tapie africain »

« Itinéraire d’un self-made-man » (1/2). Arrivé en Guinée à la fin des années 1990, l’homme d’affaires va nouer une relation quasi filiale avec l’ancien président guinéen. À la clé, de nombreux contrats qui vont en faire l’un des entrepreneurs les plus en vue en Afrique de l’Ouest. JA retrace son ascension de Bamako à Conakry.

À 50 ans, le Malien Samba Bathily est un entrepreneur influent en Afrique de l’Ouest. © MONTAGE JA

Julien_Clemencot

Publié le 7 juin 2022 Lecture : 10 minutes.

Avec les colonels Mamadi Doumbouya et Assimi Goïta, les rapports de Samba Bathily sont encore frais. À Conakry, l’homme d’affaires malien a bien essayé, ces derniers mois, de nouer des liens avec le pouvoir militaire – il a même remis en main propre un mémo sur ses activités dans le pays au président de la transition –, mais l’époque où il était au palais de Sékhoutoureya comme chez lui est révolue. Sa situation n’est pas meilleure à Bamako, où il a aussi perdu son meilleur allié avec le départ forcé, en mai 2021, du président Bah N’Daw.

Qu’importe. À 50 ans, l’entrepreneur sait rebondir. « J’ai vingt-cinq ans d’expérience et j’ai vu quantité de présidents défiler. Quand on ne veut pas de moi, je passe à autre chose », nous confiait-il en octobre 2021, lors de notre première rencontre dans le hall du Marriott des Champs-Élysées.

Pour l’heure, il concentre ses efforts sur le Sénégal, où il a rassemblé ses équipes, et poursuit avec une filiale du groupe indien Tata un projet de gestion du réseau de fibre optique du gouvernement, mais aussi sur la République démocratique du Congo (RDC), pour laquelle il fourmille d’idées : un métro avec Alstom ou des unités de production d’eau potable avec la société belge Sotrad. Avec la bénédiction du président Félix Tshisekedi. Les deux hommes se sont connus en Belgique trois ans et demi avant l’accession du fils d’Étienne au pouvoir. Une proximité confirmée par le conseiller du chef de l’État congolais, Jean-Claude Kabongo.

Dieu pour seul juge

« Bathio, c’est une sorte de Bernard Tapie africain, confie un ancien associé. Audacieux, controversé, mais il sait aussi attirer la sympathie. Oui, c’est un opportuniste, mais ce n’est pas un escroc », ajoute-t-il comme pour le dédouaner. À l’image du patron français, ses rapports avec la presse restent binaires. Elle est la bienvenue lorsqu’elle loue ses projets et immédiatement pourfendue lorsqu’elle se fait plus critique. « Seul Dieu peut me juger », s’emporte Bathily.

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