Variole du singe : un premier cas confirmé au Maroc

Face à l’alerte mondiale à la variole du singe, le ministère marocain de la Santé lance un « plan national de surveillance et de riposte ». Une stratégie proactive qui prend tout son sens après la confirmation d’un premier cas dans le royaume. Explications.

Tests de dépistage de la variole du singe. © Dado Ruvic/REUTERS

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Publié le 3 juin 2022 Lecture : 4 minutes.

Un premier cas de variole du singe, ou « Monkeypox », vient d’être confirmé par le ministère marocain de la Santé et de la Protection sociale ce 2 juin. Dans son communiqué officiel, le ministère précise qu’il s’agit d’un expatrié européen qui était suivi dans le cadre du protocole présenté jeudi 26 mai. Son état serait « stable et non préoccupant », ajoute la même source.

Mercredi 25 mai, les trois premiers cas suspects enregistrés au Maroc s’étaient révélés négatifs après des analyses de laboratoire effectuées à l’hôpital militaire Ibn-Sina de Marrakech. Le ministère de la Santé a alors assuré que les cas suspects avaient été placés sous surveillance médicale et pris en charge selon les procédures sanitaires en vigueur.

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Durant la semaine du 16 mai, les autorités de Marrakech se sont attelées à recenser puis à tester les singes de la très touristique place Jemaa el-Fna. Selon plusieurs sources, une délégation vétérinaire aurait directement prélevé des échantillons de leurs squames afin de les analyser en laboratoire pour s’assurer qu’ils étaient sains. Les professionnels de santé auraient même sommé les dresseurs de vacciner leurs animaux et de surveiller leur état de santé.

Attractions aussi populaires que lucratives, les primates de Jemaa el-Fna sont habituellement photographiés avec les touristes. Dans le cadre du risque épidémique, les vétérinaires auraient donc interdit tout contact avec les singes. En effet, cette zoonose virale (transmissible à l’homme par les animaux) commence à inquiéter les régions non endémiques dont fait partie le Maroc.

180 cas détectés dans 16 pays habituellement à l’abri

La variole du singe est présente dans 11 pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Mais ces dernières semaines, 180 cas ont été détectés dans 16 pays dans le monde habituellement à l’abri. Les chaînes de transmission directes n’ont jusqu’ici pas encore pu être établies.

« L’Europe reste l’épicentre de l’épidémie de variole du singe le plus important et le plus étendu géographiquement jamais signalé en dehors des zones endémiques d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale », a expliqué l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un communiqué, le 31 mai dernier. L’OMS estime pouvoir « stopper » cette transmission de la maladie entre humains.

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Bien qu’il n’existe pas de vaccin spécifique pour la variole du singe, le vaccin contre la variole classique offre une protection croisée. Les experts situent son efficacité à environ 85 %. Lors d’une conférence organisée ce 2 juin par le Bureau régional pour l’Afrique de l’OMS, plusieurs spécialistes ont justement pointé « un accès inéquitable » à ce vaccin. Le risque serait donc, selon eux, que l’on « répète le même scénario qu’avec la pandémie de Covid-19 ».

Strict suivi et classification des cas suspects

Avant que ce premier cas ne se déclare, les autorités marocaines avaient lancé un « plan de surveillance et de riposte ». »Le ministère de la Santé a travaillé de manière proactive sur la question et a pris un ensemble de mesures nécessaires pour suivre l’évolution de cette maladie, dans le respect des normes sanitaires internationales », a assuré le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, lors d’un point de presse le 26 mai dernier.

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Ce dispositif de surveillance épidémiologique a été mis en place par la Direction de l’épidémiologie et du contrôle des maladies, en coordination avec les structures sanitaires publiques, privées et militaires. Il classe les cas d’infection en « cas suspect”, « cas probable » ou « cas confirmé », et définit le mode de prise en charge médicale, ainsi que le suivi des cas contacts.

Ainsi, toute personne présentant une éruption cutanée, vésiculeuse ou vésiculo-pustuleuse, avec une température corporelle de plus de 38 degrés, est qualifiée de « cas suspect ». Sont exclus, les diagnostics habituels pour ce type de symptômes, notamment la varicelle, la rougeole, l’herpès, les rickettsioses, ou toute réaction allergique éventuelle. « Tout cas suspect ou probable doit être immédiatement signalé à l’Autorité régionale de santé, soit le bureau de santé [public ou privé] où le médecin a posé le diagnostic », apprend-on.

Est considéré à risque, selon le dispositif sanitaire, « toute personne ayant eu un contact physique direct non protégé avec la peau infectée ou les fluides biologiques d’un cas probable ou confirmé symptomatique ». Aucune circonstance n’est exclue, « y compris dans les établissements de santé, comme le partage d’objets personnels ou le contact avec des textiles [vêtements, literie] », étaye la Direction de l’épidémiologie.

Auto-isolement de trois semaines

L’autorité sanitaire a évoqué parmi les sources de danger potentiel tout contact non protégé, à une distance inférieure à deux mètres, pendant trois heures, avec un cas possible ou confirmé symptomatique. Elle a également donné plusieurs exemples concrets : « avec un ami proche ou intime, dans les transports, entre collègues, au bureau ou en salle de sport ».

En cas d’apparition desdits symptômes, un auto-isolement de trois semaines est recommandé suivant le dernier contact avec le cas probable ou confirmé symptomatique, ainsi qu’un contrôle biquotidien de la température. La Direction de l’épidémiologie interdit en revanche de se rendre dans un établissement de santé. Le processus de prise en charge est réalisé par l’Équipe d’intervention rapide (EIR), chargée d’instaurer un suivi téléphonique.

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