Algérie-Tunisie : l’autre frontière fermée du Maghreb

Fermée depuis mars 2020 pour cause de Covid-19, la frontière terrestre entre les deux pays n’a toujours pas rouvert, alors que 3 millions d’Algériens sont attendus chaque année en Tunisie.

« Même avant la pandémie de coronavirus, la voie terrestre représentait la principale porte d’entrée des touristes algériens en Tunisie avec 93 % des passages », rappelle un fonctionnaire du ministère algérien du Tourisme. © DR

Publié le 30 juin 2022 Lecture : 5 minutes.

De fébrilité, il laisse tomber l’enveloppe en plastique contenant son budget. « 66 000 dinars [431 euros] le billet d’avion Tunisair ! Trop cher. Il faut faire une croix encore cette année sur les vacances », peste Fouad, 46 ans, père de trois enfants rencontré devant l’agence touristique OK Voyage, à Dely Brahim, dans la wilaya d’Alger.

Avec un revenu familial qui n’excède pas 100 000 dinars (653 euros) par mois, ce père de trois enfants, cadre d’une agence d’assurances, ne peut pas se permettre de débourser 330­ 000 dinars rien que pour l’achat des billets d’avion.

Habituellement, il optait pour le voyage en bus. Le trajet au prix de 6­ 000 dinars (39 euros) la place lui laissait une marge confortable pour payer les frais de séjour.

Prix rédhibitoires

Mais cette année encore, les frontières terrestres entre les deux pays restent fermées en dépit de l’amélioration de la situation sanitaire : l’Algérie dénombre de zéro à dix personnes contaminées par jour depuis plusieurs semaines. En plein pic de la pandémie, les liaisons aériennes et maritimes avaient, elles, repris dès le 1er juin 2021 sur décision du Haut Conseil de sécurité algérien.

Mais le prix du billet pratiqué par Air Algérie, bien que moins élevé que celui de Tunisair, reste aussi inaccessible pour de nombreuses bourses. Entre 45 000 et 48 000 dinars en classe économique, à ajouter aux 8 000 dinars de frais de test PCR. En août, les prix du billet d’un aller-retour Alger-Tunis dépasseront, selon les prévisions de la compagnie aérienne nationale, les 60 000 dinars.

« Même avant la pandémie de coronavirus, la voie terrestre représentait la principale porte d’entrée des touristes algériens en Tunisie avec 93 % des passages », confie un fonctionnaire du ministère du Tourisme.

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De son côté, avec les frontières terrestres maintenues fermées, la Tunisie perd la manne des 3,8 millions d’Algériens qu’elle accueillait annuellement sur son sol pour des soins médicaux ou des séjours touristiques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : à la mi-mai 2022, seuls 36 000 Algériens s’étaient rendus en Tunisie, contre 400 000 avant la pandémie de Covid-19 à la même période. Et la saison estivale ne promet pas de meilleures performances.

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