Algérie : Chakib Khelil, la saga d’un ex-ministre en fuite aux États-Unis

Le 28 juin, l’ancien ministre de l’Énergie a été définitivement condamné à 20 ans de prison, alors qu’il se trouve aux États-Unis. Retour sur une affaire hors norme aux ramifications internationales.

L’ancien ministre algérien de l’Énergie, Chakib Khelil, à Oran, le 20 avril 2010. © KADRI MOHAMED IMAGESPIC/MAXPPP

Publié le 13 juillet 2022 Lecture : 6 minutes.

Il ne pourra plus rentrer en Algérie sans se retrouver en prison. Le sort de l’ami d’enfance et protégé de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, en exil aux États-Unis depuis 2013, est désormais en suspens. La justice a en effet confirmé, en appel fin juin, le verdict de 20 ans de prison ferme ainsi que le mandat d’arrêt international et les 12 500 d’euros d’amende prononcés à son encontre par contumace en février en première instance.

À l’aune de cette sentence, une extradition de l’ancien ministre de l’Énergie (de 1999 à 2010) est-elle possible ? « L’Algérie et les États-Unis ne sont pas liés par un accord d’extradition. Donc cette option semble impensable pour l’instant », explique un juriste joint par Jeune Afrique.

Reste que, dès l’émission du premier mandat d’arrêt par l’Algérie en 2013, la justice américaine avait enquêté sur les biens de l’ex-ministre de l’Énergie sur le sol américain. Une collaboration freinée par le manque d’intérêt de la partie algérienne, jusqu’à 2020. Cette enquête de la SEC (Securities and Exchange Commission, le gendarme de la bourse américaine) visait sept contrats de huit milliards d’euros obtenus par Saipem (filiale d’ENI) auprès du groupe algérien Sonatrach entre 2007 et 2010, période durant laquelle Chakib Khelil dirigeait encore le ministère de l’Énergie.

Sociétés écrans

Pour faciliter l’obtention de ces marchés, il avait alors imposé aux Italiens comme intermédiaire Farid Bedjaoui, un homme d’affaires qu’il présentait, selon le document de la SEC, comme son « assistant personnel » ou encore comme « son propre fils ». En échange de ces services, Saipem a ainsi versé 198 millions d’euros de commissions à Farid Bedjaoui via la société écran de celui-ci, Pearl Partners, domiciliée à Hong-Kong.

Certes, Chakib Khelil n’a pas été nommément cité par le gendarme de la bourse américaine, mais les termes par lesquels il est désigné ne laissent aucun doute sur son intérêt à imposer Farid Bedjaoui comme facilitateur entre Saipem et Sonatrach.

« L’intermédiaire a redirigé au moins une partie de cet argent, par le biais de sociétés écrans à des fonctionnaires algériens ou à leurs délégués, y compris le ministre de l’Énergie de l’époque », écrit le mémorandum de la SEC.

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