François Durpaire : « L’objectif de Martin Luther King est de changer les lois humaines »

D’après François Durpaire, historien des États Unis, l’intervention de Martin Luther King Jr. marque un tournant dans l’histoire américaine.

Martin Luther King prononçant son célèbre discours « I have a dream », le 28 août 1963, à Washington. © AP/SIPA

Martin Luther King prononçant son célèbre discours « I have a dream », le 28 août 1963, à Washington. © AP/SIPA

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Publié le 28 août 2013 Lecture : 2 minutes.

Martin Luther King prononçant son célèbre discours « I have a dream », le 28 août 1963, à Washington. © AP/SIPA
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Le 28 août 1963, Martin Luther King marchait sur Washington

Le 28 août 1963, 5 ans avant son assassinat, Martin Luther King mène la marche contre les discriminations raciales à Washington. Ce jour-là, le pasteur noir américain, au pied du Mémorial Lincoln, prononce devant 250 000 personnes son célèbre discours « I have a dream » qui demeure, plus d’un demi-siècle plus tard, dans tous les esprits. Retour en musique, archives et témoignages, sur un monument du XXe siècle.

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Jeune Afrique : Le fameux texte du 28 août 1963 a-t-il été très préparé ?

François Durpaire : Avec le recul du temps, c’est le discours qui reste. Mais à l’époque, c’est l’organisation de la marche sur Washington qui prime. Martin Luther King n’est que l’un des intervenants et, en termes de temps, son équipe se consacre surtout à la réussite de la manifestation. Lui a déjà employé le terme de « rêve » dans un discours intitulé « The Negro and the American Dream » devant la NAACP en 1960, ainsi qu’à Detroit en 1963. Quand il est interrompu par Mahalia Jackson, son improvisation n’est pas totale, des bouts de phrases prononcées auparavant lui reviennent, et c’est cette partie du discours que l’on retiendra. Le début est plus scolaire, plus travaillé, parsemé de références historiques et bibliques.

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S’agit-il d’un discours… ou bien d’un prêche ?

C’est les deux à la fois. En France, on aurait tendance à laïciser son discours, mais il ne faut pas oublier que le mouvement pour les droits civiques est très ancré dans le christianisme, il s’agit d’un combat chrétien. Martin Luther King est pasteur, fils et frère de pasteur. Sur la forme, l’intonation, la gestuelle, la construction, on assiste bien à un prêche. Mais nous ne sommes pas dans un temple : il s’exprime au coeur de la capitale fédérale américaine. Et, de surcroît, il ne s’adresse pas à un public religieux. C’est un discours pour les Noirs. La religion est un instrument au service de la cause noire, pas l’inverse. L’objectif de King à ce moment est de changer les lois humaines, il ne s’occupe pas du salut des Africains-Américains !

Son discours marque-t-il un tournant ?

Oui, parce qu’il s’inscrit dans la marche sur Washington : c’est une démonstration de force. À Detroit, King s’exprimait devant 25 000 personnes, là ils sont au moins dix fois plus nombreux. Quand il dit « je », il faut entendre un « nous » collectif. « Nous avons un rêve ». Ce jour-là, il devient président de la communauté noire, et son rêve est transformationnel. Plus que tout autre intervenant, il crée un lien puissant entre lui et la communauté noire, entre lui et la société américaine. L’impact médiatique est énorme, mais, dans l’instant, King représente aussi un danger… Plus tard, le discours deviendra de facto l’un des textes fondateurs du pays.

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>> Lire aussi : Le 28 août 1963 : le jour où Washington tomba…

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