Macron-Poutine : fake news, influenceurs, barbouzes… Les secrets d’une guerre de l’ombre en Afrique
Longtemps passives face à l’offensive de Moscou, les autorités françaises se sont résolues à riposter. Avec un objectif clair et assumé : dénigrer l’action des Russes et de Wagner en Centrafrique, au Mali et au Sahel.
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Par le biais de ses attaques informationnelles, la Russie cherche à accroître le sentiment antifrançais. © Montage JA.
Quand ils reçoivent les images du drone perché depuis plusieurs heures au-dessus du camp de Gossi, les gradés de l’état-major français comprennent immédiatement qu’ils tiennent du « lourd ». Sur la vidéo, tournée vers 10 heures, le 21 avril, deux jours après le départ de l’armée française de cette petite localité du Nord-Mali, un petit groupe de Blancs est en train d’enterrer des cadavres dans le sable, à quatre kilomètres du camp. Autour, certains filment ou prennent des photos. Deux heures plus tard, un faux compte Twitter, appartenant prétendument à un dénommé Dia Diarra, publie des images chocs de cadavres noirs à moitié ensevelis avec ce commentaire : « C’est ce que les Français ont laissé derrière eux quand ils ont quitté la base à Gossi. Ce sont des extraits d’une vidéo qui a été prise après leur départ ! On ne peut pas garder le silence sur ça ! »
Pour les militaires français, aucun doute : il s’agit d’un grossier montage des mercenaires de la société militaire privée russe Wagner, arrivés à Gossi la veille aux côtés des Forces armées maliennes (Fama). Une nouvelle « attaque informationnelle », affirment-ils, destinée à accroître encore le sentiment antifrançais au Mali et dans la région. Sauf qu’ils en ont, cette fois, une preuve irréfutable.
Des éléments « secret-défense » rendus publics
Très vite, c’est le branle-bas de combat au « Balardgone », le siège du ministère des Armées, à Paris. Les images sont visionnées en boucle. L’affaire remonte au cabinet de la ministre, Florence Parly, et même à l’Élysée, où Emmanuel Macron en personne est informé. Décision est alors prise de les divulguer pour désamorcer immédiatement cette opération de désinformation russe. En fin d’après-midi, une poignée de médias français suivis sur le continent – dont JA – sont contactés pour un « briefing off » en urgence au ministère. Sur place, tous les éléments, y compris les images du drone, sont livrés aux quelques journalistes présents. Une « opération transparence » inédite, aux antipodes du verrouillage imposé par l’armée française sur ses bavures présumées au Sahel.
Bien s’informer, mieux décider
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