Nouveau gouvernement britannique : africanité et afrophilie ?

Des ministres de premier plan du gouvernement de Liz Truss ont des origines familiales au Ghana, en Sierra Leone et au Kenya. Un gage pour la future politique britannique à l’égard de l’Afrique ?

© Damien Glez

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Publié le 8 septembre 2022 Lecture : 2 minutes.

Conservatrice décomplexée, Liz Truss apparaît comme une réincarnation de Margaret Thatcher, l’ex-cheffe de gouvernement qui ne s’intéressait guère au continent africain, sinon pour entretenir une relation plus qu’ambiguë avec le régime de l’apartheid. Pour autant, le cabinet qui remplace celui de Boris Johnson pourra difficilement être taxé de racisme ordinaire. Il est le plus divers de l’histoire de la Grande-Bretagne, avec notamment des portefeuilles de premier rang confiés à des personnalités entretenant des liens personnels avec une Afrique qui n’a rien de ségrégationniste.

Le ministre des Finances et le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement ont tous les deux du sang africain. Chargé de gérer la crise du coût de la vie, entretenue par la flambée des prix de l’énergie, le chancelier de l’échiquier Kwasi Kwarteng est né à Londres, mais de parents ghanéens. Le responsable des Affaires étrangères James Cleverly, lui, est né de mère sierra-léonaise. Ils deviennent tous les deux les premiers hommes noirs à occuper ces postes stratégiques.

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Ligne idéologique

Quant à Suella Braverman, la plus jeune ministre de l’Intérieur de l’histoire – elle a 42 ans –, ses parents étaient d’origine indienne, mais c’est le Kenya et Maurice qu’ils ont quittés pour s’installer en Grande-Bretagne. Faut-il voir dans ces nominations « issues de la diversité » un simple calcul des Tories souvent accusés d’être excessivement « pâles », pour susciter un buzz en mode « rédemption » ? Rien n’est moins sûr.

Ami et allié de longue date de Liz Truss, Kwasi Kwarteng n’est pas un alibi de dernière minute. Et la ligne idéologique des trois nouveaux venus est en parfaite cohérence avec le conservatisme débridé de leur Première ministre. Parfois même jusqu’à la caricature. Kwarteng est par exemple un libéral bon teint qui n’aime rien tant que dénoncer la « fainéantise » des travailleurs britanniques. « Anti-woke » et critique des « formations à la diversité », Braverman milite quant à lui pour un retrait britannique de la Convention européenne des droits de l’homme et soutient l’envoi de certains demandeurs d’asile au Rwanda…

La chute de Johnson n’augure en tout cas pas un repositionnement idéologique de la Grande Bretagne et le continent africain attend assurément assez peu d’un exécutif qui a démontré ses tendances récentes à l’isolationnisme. Certes, les pays membres du Commonwealth garderont un œil attentif sur Londres. Comme du reste certains pays africains francophones, qui ne veulent plus mettre tous leurs œufs dans le même panier français. Le Gabon et le Togo ont ainsi proposé leur adhésion à l’organisation intergouvernementale… mais bien avant que leur interlocuteur britannique soit teinté d’africanité.

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