Génocide rwandais : le documentaire qui accuse le juge Bruguière
Trous de mémoire, manipulations… Dans « Rwanda, une intoxication française », Catherine Lorsignol démonte l’instruction du juge Jean-Louis Bruguière.
![Les journalistes belges philippe Brewaeys et Catherine Lorsignol. © D.R.](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2013/04/08/003042013150311000000gygyy.jpg)
Les journalistes belges philippe Brewaeys et Catherine Lorsignol. © D.R.
![L’épave de l’appareil du président Juvénal Habyarimana, tué dans un attentat le 6 avril 1994. © Bouju/AP/Sipa](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=72,height=88,fit=crop/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2012/06/02/002062012112515000000001062012094444000000boujurwandapsipaok.jpg)
Attentat du 6 avril 1994 : retour sur l’enquête de la discorde entre la France et le Rwanda
Le 6 avril 1994, l’attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana donnait le signal de départ au génocide contre les Tutsi. Retrouvez tous nos articles sur ce dossier qui empoisonne depuis vingt ans les relations entre Paris et Kigali.
De 1998 à 2007, le juge Jean-Louis Bruguière a privilégié la thèse d’une implication du Front patriotique rwandais (FPR, tutsi) dans l’attentat du 6 avril 1994 au mépris des nombreux indices qui auraient dû l’inciter à relever la signature des extrémistes hutus. L’enquête de Catherine Lorsignol recense les principales manipulations sur lesquelles reposait cette instruction à sens unique, s’interrogeant parallèlement sur le rôle de divers protagonistes français dont les noms apparaissent dans ce dossier de manière insistante.
Parmi eux, le commandant Grégoire de Saint-Quentin (aujourd’hui général), l’un des seuls militaires non rwandais à avoir inspecté à sa guise le site du crash immédiatement après l’attentat. Plusieurs témoins affirment qu’il y aurait récupéré des pièces à conviction de première importance, ce que Paris n’a jamais admis. Interrogé sur ce point par Catherine Lorsignol, le général Christian Quesnot, ancien chef d’état-major particulier du président français François Mitterrand, invoque un trou de mémoire : « Honnêtement, je ne m’en souviens pas. Je sais qu’il y a des gens qui se sont rendus sur le terrain mais je ne sais pas ce qu’ils ont trouvé. »
« Pourquoi une telle manipulation des autorités judiciaires françaises ? » s’interroge Bernard Maingain, avocat des sept Rwandais toujours mis en examen dans ce dossier. Pour Catherine Lorsignol, cette « intoxication française » a commencé dans l’heure qui a suivi l’attentat, bien avant l’enquête judiciaire instruite au pôle antiterroriste de Paris. « Je pense qu’il y a deux hypothèses, résume-t-elle. Soit il existe une complicité active française dans l’attentat. Soit la proximité de la France avec les auteurs de l’attentat et du génocide l’a incitée à aider à brouiller les pistes au bénéfice de ses alliés. »
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