Arabie saoudite : quelles sont les dix familles les plus riches du royaume ?

Poids lourd de la région Maghreb-Moyen Orient, l’Arabie saoudite pèse politiquement et diplomatiquement, mais aussi économiquement. Un poids incarné par de grands groupes et conglomérats familiaux. Jeune Afrique dresse la liste des dix dynasties les plus fortunées.

Lubna Olayan (à g.), ex-PDG du conglomérat Olayan Group, à Riyad, le 23 octobre 2018. © FAYEZ NURELDINE/AFP

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Publié le 23 septembre 2022 Lecture : 6 minutes.

Selon le classement Forbes 2022, près de 40 % des 100 familles les plus riches du monde arabe sont d’origine saoudienne. La monarchie wahhabite, qui détient 23 % des réserves pétrolières mondiales, a plus que jamais un rôle économique clé, notamment en Europe, avec la crise énergétique déclenchée par l’offensive russe en Ukraine.

L’Aramco, la compagnie pétrolière nationale, se dispute avec Apple, Microsoft et Amazon le titre de première capitalisation boursière de la planète. Un jour, le royaume présente un projet pharaonique de ville du futur – « The Line », qui réunirait 9 millions d’habitants à l’horizon 2045 sur une ligne droite de 170 km de long ! –, un autre, il se dit prêt à financer l’essentiel des coûts d’une Coupe du monde de football co-organisée avec la Grèce et l’Égypte. Mais au-delà de la famille régnante des Saoud, hormis le célébrissime clan Ben Laden, quelles sont les principales dynasties de l’opulent royaume ? Voici les dix principales, par ordre décroissant de fortune.

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1) Famille Olayan – 8 milliards de dollars

Fait chevalier de l’Empire britannique par la défunte reine Elizabeth II, Suliman Olayan a joué un rôle fondamental dans l’économie saoudienne, de la création de son entreprise de transport routier, en 1947, jusqu’à sa mort, en 2002. Le groupe Olayan détient aujourd’hui un portefeuille d’actions dans de nombreuses banques, dont Crédit Suisse et Saudi British Bank.

Après le décès de son père, Khaled Olayan prend la tête du conseil d’administration et sa sœur Lubna Olayan, ancienne banquière chez JP Morgan, dirige le groupe jusqu’en 2019. Avec leur mère et le reste de leur fratrie, la famille Olayan détient une fortune estimée à 8 milliards de dollars, avec des propriétés immobilières dans les quartiers les plus huppés de New York, Londres et Madrid. Les héritiers Olayan ont également investi en France. Hutham Olayan, l’une des filles, possède avec son mari et ses enfants des biens dans le 7e arrondissement de la capitale, non loin du musée Maillol. Lubna Olayan en a quant à elle acheté dans le sud de la France, dans les hauteurs de Super-Cannes.

2) Famille Abu Dawood – 4 milliards de dollars

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Originaire de Jeddah, la deuxième ville du pays située au bord de la mer Rouge, Ismaïl Ali Abu Dawood crée en 1935 une entreprise de vente de produits de grande consommation. Plus de quinze ans après le décès de son fondateur, le groupe Abu Dawood, aujourd’hui dirigé par ses fils, est devenu un leader de la distribution au Moyen-Orient, notamment avec les produits de la multinationale américaine Procter & Gamble (Head & Shoulders, Always, Pampers, Gillette…).

En France, les héritiers du groupe Abu Dawood se partagent plusieurs résidences, notamment dans les villages frontaliers de la Suisse, comme Divonne-les-Bains, à quelques kilomètres de Genève. Pour gérer ces nombreuses acquisitions foncières, Anas, Osama, Ayman Abu Dawood et leurs frères et sœurs ont créé plus d’une dizaine de sociétés aux noms de gemmes : Rubis, Topaze, Perle noire, Jade ou encore Cristal. Quant à Anas Abu Dawood, l’un des héritiers siégeant au conseil d’administration du groupe, il a ouvert avec son épouse, Awatif Hamed M Zahran, une entreprise parisienne au nom du monarque valois, Anasim François Ier.

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3) Famille Al Ajlan – 2,6 milliards de dollars

Réputée pour la manufacture et la vente de prêt-à-porter masculin, la compagnie Ajlan & Bros a également investi dans l’immobilier en Arabie saoudite et à l’international. Le groupe tient notamment sa renommée de ses coiffes traditionnelles masculines, le yashmagh et la ghutra.

Les quatre frères Al Ajlan ouvrent en 1979 une boutique à Riyad et deviennent au fil des décennies des leaders du prêt-à-porter saoudien, avec de nombreuses usines et plus de 10 000 employés en Chine. Avec une fortune estimée à 2,6 milliards de dollars, les frères Al Ajlan ont effectué des placements dans d’autres secteurs stratégiques, comme l’énergie, l’eau et l’alimentaire au Moyen-Orient.

4) Famille Bugshan – 2,5 milliards de dollars

Khalid Bugshan est plus connu en France pour sa potentielle implication dans l’affaire des financements libyens que pour la vente de pneus, l’activité historique de son groupe. Mis en examen depuis 2015 pour « complicité de corruption », il est soupçonné d’avoir acheté deux tableaux surévalués à l’ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, par le biais d’un avocat malaisien. L’homme d’affaires saoudien a toujours nié, et a déposé en mai 2021 une plainte pour se constituer partie civile. Un autre membre de la famille, son cousin Ahmed Bugshan, fait lui aussi l’objet de poursuites dans le même dossier. De plus, le nom de Khalid Bugshan apparaît dans l’affaire Karachi, concernant des contrats d’armement avec l’Arabie saoudite et le Pakistan en 1994.

La famille Bugshan possède un conglomérat industriel très varié au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La compagnie, de vente de pneus à l’origine, a été fondée par Abdullah Saïd Bugshan, grand-père de Khalid Bugshan, en 1923. Les dix-sept sociétés du groupe vont de la distribution des produits PepsiCo dans la région aux parfums en passant par les pharmacies et matériaux de construction. Fratrie de neuf enfants, la famille Bugshan est propriétaire d’un important parc immobilier dans l’Hexagone, de la célèbre avenue Foch (16e arrondissement de Paris) aux hauteurs cannoises, prisées par les fortunes saoudiennes. L’hôtel 4 étoiles Croisette Beach, sur la promenade éponyme, est l’une de leurs dernières acquisitions.

5) Famille Al Hokair – 1,8 milliard de dollars

Abdulmohsin Abdulaziz Al Hokair fonde en 1978 le groupe Al Hokair, se spécialisant dans l’hôtellerie et le divertissement, en Arabie saoudite et dans l’ensemble du monde arabe. Aujourd’hui, le groupe possède plus d’une trentaine d’hôtels, de nombreux parcs d’attractions et centres commerciaux.

La fortune de la famille Al Hokair – qui n’a pas de relation avec l’autre milliardaire saoudien Fawaz Al Hokair, impliqué dans la répression anti-corruption opérée par Mohammed Ben Salman en 2017 – est estimée à 1,8 milliard de dollars.

6) Famille d’Ahmed Salem Bugshan – 1,8 milliard de dollars

Cousin de Khalid Bugshan, Ahmed Salem Bugshan est président d’une autre filiale de l’entreprise de pneus Abdullah Bugshan fondée par son grand-père. Le groupe Ahmed Salem Bugshan s’occupe notamment de la mise en bouteille des produits Pepsi et de leur distribution en Arabie saoudite, produit des matériaux de construction, et a investi dans l’exploitation pétrolière au large de la Mauritanie.

Comme son cousin, Ahmed Bugshan est soupçonné de complicité dans l’affaire des financements libyens de la campagne de l’ancien président Nicolas Sarkozy. Ahmed et Khalid Bugshan ont notamment confié pendant un temps la gestion de leurs finances à Wahib Nacer. Cet ancien banquier franco-djiboutien aurait masqué des montages financiers pour Alexandre Djouhri, intime de Claude Guéant.

7) Famille Sharbatly – 1,7 milliard de dollars

Hassan Sharbatly, fondateur de la Riyad Bank dont le groupe est demeuré actionnaire, développe dans les années 1930 l’ancêtre de la compagnie Al Nahla. La holding saoudienne détient un portefeuille d’investissement très varié, dans l’immobilier, mais aussi le secteur automobile ou encore la vente de fruits et légumes dans le Golfe.

8) Famille Al Rashed – 1,6 milliard de dollars

Fondé en 1950, le groupe Al Rashed se consacre à ses débuts aux matériaux de construction, avant de se diversifier dans l’investissement immobilier, les hydrocarbures, mais aussi l’alimentaire, les industries de télécommunications…

La famille Al Rashed, aujourd’hui à la tête d’un conglomérat de vingt-six compagnies, est l’un des plus gros investisseurs privés de la pétro-monarchie. Comme la famille Abu Dawood, l’un des héritiers de Rashed Al Rashed a lui aussi été attiré par la ville thermale de Divonne-les-Bains, à la frontière suisse.

9) Famille Al-Dabbagh – 1,5 milliard de dollars

Établi en 1962 par Abdullah Al-Dabbagh à Jeddah, le groupe a notamment investi dans les secteurs de l’alimentaire, du pétrole, de l’automobile et de l’immobilier.

D’après l’agence de presse Reuters, le PDG et président du groupe Amr Al-Dabbagh fait partie des personnalités saoudiennes assignées à résidence en 2017 par les autorités du pays, dans le cadre de la campagne anti-corruption dirigé par Mohammed Ben Salman. Le prince héritier avait alors ordonné l’arrestation et la détention de deux cents personnes au Ritz-Carlton de Riyad.

10) Famille Jameel – 1,5 milliard de dollars

Fondé en 1945, le groupe familial Abdul Latif Jameel était à l’origine le distributeur de Toyota en Arabie saoudite. Il s’est ensuite développé à l’international et est présent dans plus de 30 pays. Le groupe a investi dans de nombreux domaines, tout en continuant à s’étendre dans celui de l’automobile. La famille Jameel s’est récemment lancée dans les énergies renouvelables.

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