Tchad : climat social sous haute tension

Après une année perturbée par les grèves et manifestations, les leaders syndicaux comptent sur le nouveau gouvernement pour relancer le dialogue.

Publié le 25 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

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Entre le gouvernement tchadien et les syndicats, le bras de fer continue. Après avoir décidé d’observer une trêve entre le 19 décembre 2012 et le 31 mars 2013, les fonctionnaires menacent de reprendre la grève si leurs salaires ne sont pas revus à la hausse, comme cela leur a été promis. En décembre 2012, le chef de l’État, Idriss Déby Itno, avait reçu les leaders syndicaux pour calmer le jeu, les exhortant à reprendre les négociations à la table du Comité national du dialogue social (CNDS). En vain pour le moment. « Nous ne pouvons pas dialoguer sous la pression, explique Michel Barka, le président de l’Union des syndicats du Tchad (UST). Nous changerons d’avis quand le gouvernement reviendra sur l’annulation du protocole d’accord. » Un document signé en 2011.

Dès 2007, les travailleurs du secteur public avaient attiré l’attention du gouvernement sur la baisse de leur pouvoir d’achat, une diminution liée à la flambée des prix, et demandé une revalorisation du smic – qui est de 30 000 F CFA (45,7 euros) par mois -, pour faire face à la cherté de la vie. À la suite de la grave crise céréalière de 2009-2010, qui s’est traduite, au Tchad comme dans de nombreux pays, par une très forte augmentation des prix des céréales, Idriss Déby Itno avait reconnu que la situation était « dramatique » et convenu qu’un travailleur tchadien, quel qu’il soit, ne pouvait raisonnablement gagner moins de 60 000 F CFA par mois, appelant donc au doublement du smic. Mais la mesure n’a pas été appliquée.

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Escalde

En août 2011, l’UST a posé un premier préavis de grève, avec pour revendication principale l’établissement d’une nouvelle grille salariale. Revendication entendue, puisque, dès le mois de novembre, un décret présidentiel revalorisant le smic à 60 000 F CFA était signé, assorti d’un protocole d’accord. Ce dernier prévoyait une augmentation progressive du point d’indice des salaires (de 150 à 300) : 20 % en 2012, 40 % en 2013 et 40 % en 2014. Cette hausse a été respectée dans le secteur privé, mais le bulletin de paie des fonctionnaires, lui, n’a pas bougé. Le gouvernement non plus.

Les syndicats ont donc posé de nouveaux préavis de grève, en mai puis en juin 2012. Massivement suivi, le mouvement est arrivé à son paroxysme en juillet. Si un service minimum était assuré au début de la fronde, cela n’a rapidement plus été le cas, le pays se retrouvant paralysé. Et l’UST de lancer, en septembre, une pétition accusant le gouvernement d’être responsable de la cherté de la vie et de la paupérisation de la population – pétition qui valut aux président, vice-président et secrétaire général de l’Union une condamnation à dix-huit mois de prison avec sursis et à une amende de 1,5 million de francs CFA pour « incitation à la haine ethnique ».

Contrairement à ceux du privé, les salaires des fonctionnaires n’ont pas changé.

Pacte. Après l’échec de plusieurs tentatives de médiation émanant de leaders religieux, de responsables politiques et de la société civile, et face au blocage de la situation – et des services -, le ministre de la Fonction publique a finalement annoncé l’annulation de l’accord. Son homologue à l’Administration du territoire a quant à lui donné jusqu’au 15 décembre aux syndicats pour lever la grève. Laquelle a finalement été suspendue la veille des fêtes de fin d’année, dans un climat toujours extrêmement tendu.

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Le nouveau gouvernement de Joseph Djimrangar Dadnadji (lire p. 71), mis en place fin janvier, permettra-t-il d’aboutir enfin à un pacte social ? « Nous l’espérons, car le Premier ministre connaît bien le dossier », confie Michel Barka. Le président du CNDS, Mbaïnaïssem Tedji, a quant à lui annoncé fin février la reprise prochaine des discussions. Un premier pas vers le dégel. 

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