Russie-Ukraine : en diplomatie, l’Afrique pèse… ou pas

En pleine opération de séduction vis à vis de l’Afrique, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a dû écourter sa tournée sur le continent. Il y a des priorités plus ou moins prioritaires…

 © Damien Glez

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Publié le 11 octobre 2022 Lecture : 2 minutes.

La guerre qui se joue actuellement en Europe, plus de 30 ans après la chute du rideau de fer, pouvait tout à la fois gêner l’Afrique aux entournures et la flatter. La gêner, lorsque les premières résolutions onusiennes enjoignaient à choisir un camp. La flatter, les votes africains aux instances internationales devenant soudain d’obscurs objets de désir pour les tenants du bras de fer autour de la situation ukrainienne…

Parmi diverses opérations de séduction en direction d’un continent souvent négligé, la tournée africaine du ministre ukrainien des Affaires étrangères démontrait l’importance soudaine de l’Afrique, au moment où l’on aurait pu penser que le diplomate avait bien d’autres chats à fouetter. À Dakar, le 3 octobre dernier, Dmytro Kuleba plaidait pour un renforcement de la coopération entre son pays, le Sénégal – qualifié de « fier et fort » – et le continent africain – devenu une « priorité » de Kiev.

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Affection spontanée et prioritaire ? Sur la spontanéité, le diplomate ukrainien n’a pu éluder une réaction au sujet du caractère « téléphoné » de sa visite. « Je ne viens pas en Afrique contre qui que ce soit », a-t-il affirmé, alors que son homologue russe Sergeï Lavrov était en tournée sur le continent en juillet dernier… Sur le caractère prioritaire de son inédit tropisme africain, Dmytro Kuleba a dû reconnaître que l’intensification de frappes russes simultanées sur l’ensemble du territoire ukrainien, lundi, méritait qu’il écourte son voyage en Afrique, au milieu de l’escale ivoirienne…

Affiner une posture de non-alignement

Censément, les concertations sur la condamnation de l’invasion russe et sur les moyens de réduire les effets inflationnistes de la guerre en Afrique ne sont que partie remise. Le « lapin » posé par le ministre ukrainien à quelques responsables africains favorisera-t-il le rapprochement de ces derniers avec Moscou ?

Si les drapeaux russes brandis par quelques manifestants d’Afrique réclament des interventions militarisées de l’environnement privé ou public du Kremlin, le groupe Wagner vient de poster ce message sur son compte d’enrôlement du réseau social VKontakte : « Le recrutement pour l’Afrique et le Proche-Orient est fermé. (…) Tout le recrutement actuel est destiné uniquement pour la zone SVO ». Les initiales « SVO » signifient « spetsial’naya voyennaya operatsiya », soit « Opération militaire spéciale », expression retenue pour qualifier l’invasion de l’Ukraine. Le dernier message de ce compte faisant état de recrutement pour l’Afrique concernait, le 8 septembre dernier, 70 postes en République centrafricaine.

Le début du conflit aura focalisé une partie de l’attention des belligérants sur l’Afrique. Son intensification semble l’en détourner. L’occasion pour les Africains d’affiner leur posture de non-alignement…

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