ONG vs TotalEnergies : environnement vs développement ?

C’est à nouveau en France que des ONG environnementalistes dénoncent un projet d’exploitation d’hydrocarbures sur le continent, au large de l’Afrique du sud. Ce « devoir de vigilance » écologiste entrave-t-il les ambitions légitimes de développement ?

 © Damien Glez

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Publié le 18 octobre 2022 Lecture : 2 minutes.

Les empêcheurs de « pipeliner » en rond ont encore frappé. Quelques jours à peine après l’ouverture d’un procès provoqué par des militants environnementaux, au tribunal judiciaire de Paris, contre un méga-projet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie, des ONG viennent d’enclencher une campagne contre une potentielle exploitation gazière en Afrique du Sud. Ces organisations brandissent une loi française de 2017 qui instaure un « devoir de vigilance » des entreprises, ces dernières devant notamment prévenir les risques environnementaux liés à leurs choix économiques.

Dans les projets ougando-tanzanien et sud-africain, la dimension française se trouve dans la raison sociale de la société à la manœuvre : TotalEnergies. Dans les deux dossiers, les risques concernent principalement les droits humains et l’environnement. Dans le projet d’Afrique australe, la question de la préservation de la faune est centrale…

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L’oxygène et le pain

L’acte I de ce nouveau rebondissement a eu lieu le 5 septembre, lorsque TotalEnergies a déposé une « demande de licence de production » pour exploiter deux importants gisements gaziers pouvant contenir jusqu’à un milliard de barils d’équivalent pétrole dans la zone d’exploration de Brulpadda, à 175 kilomètres des côtes sud-africaines. L’acte II a donc débuté ce 17 octobre, deux ONG environnementalistes ayant lancé, depuis Paris, une pétition internationale contre le projet gazier.

L’association française Bloom affirme que ces forages d’une profondeur inédite – plus de 1 000 mètres sous la surface – menaceraient notamment la pêcherie artisanale et une faune marine riche : des baleines et des cachalots migrants, de même que des dauphins, des tortues luths et des phoques.

Avant d’éventuelles démarches judiciaires, comme dans le cas ougandais, il s’agit donc de faire pression sur les autorités sud-africaines, qui doivent accorder ou non la licence de production. Le gouvernement de Pretoria a du mal à bouder les perspectives d’indépendance vis-à-vis du charbon. De même, inconfortablement installé dans les sondages pré-électoraux, il entend les mélopées ambiantes des réunions préparatoires à la COP27 de novembre prochain…

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Peut-on dénier à l’Afrique si peu pollueuse le droit d’exploiter ses richesses, au risque d’une empreinte environnementale dont l’Occident ne s’est pas privé par le passé ? À la récente pré-COP27 de Kinshasa, la ministre de l’Environnement de République démocratique du Congo, Eve Bazaïba lançait, lapidaire : « Nous avons besoin d’oxygène, nous avons aussi besoin de pain ».

Alors qui, des petits pêcheurs ou des gestionnaires de TotalEnergies, nourrira le plus les Sud-africains ? L’éventuel blocage du projet d’exploitation par souci de préservation environnementale sera-t-il compensé par un accès facilité aux « finances climat » et par une gestion optimale du « prix de la tonne de carbone » ? En tout cas, pour éviter que ce débat ne parasite son action en cristallisant une confrontation Europe-Afrique, l’association Bloom a bien pris soin de ne viser qu’une cible, le géant français des hydrocarbures, et de partager l’initiative de sa pétition avec une ONG sud-africaine, The Green Connection.

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