Algérie : le journaliste Mohamed Mouloudj libéré

Arrêté il y a plus d’un an en raison de son appartenance présumée au MAK, le mouvement autonomiste kabyle qualifié de terroriste par Alger, le journaliste a été libéré à l’issue de son procès. Un possible signe d’apaisement de la part des autorités, alors que des dizaines d’autres personnes accusées de faits comparables attendent toujours d’être jugées.

Le journaliste Mohamed Mouloudj. © DR

Publié le 19 octobre 2022 Lecture : 2 minutes.

Le journaliste Mohamed Mouloudj, qui exerçait au sein du quotidien Liberté, dissout par son propriétaire Issad Rebrab en avril 2022, a quitté la prison de Koléa, à 27 km à l’ouest d’Alger, très tôt ce mercredi 19 octobre 2022 après treize mois de détention. Arrêté le 13 septembre 2021, Mohamed Mouloudj était placé depuis en mandat de dépôt, sans jugement, pour appartenance au Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), fondé en 2001 par l’ex-chanteur et homme politique, Ferhat Mehenni, qui revendique l’indépendance de la Kabylie depuis des années. Le journaliste était notamment poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale, appartenance à une organisation terroriste et diffusion de fausses informations ».

Après une audience qui s’est poursuivie jusqu’à une heure tardive de la nuit, et durant laquelle le procureur de la République près le tribunal de Dar el-Beida a requis de lourdes peines allant de 10 à 15 ans de réclusion criminelle et 100 000 dinars (environ 700 euros) d’amende contre Mohamed Mouloudj et ses huit codétenus, le verdict est tombé dans la soirée : deux ans de prison ferme, dont un avec sursis, et abandon de toutes les charges de terrorisme qui pesaient sur lui et ses compagnons.

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Des arrestations par dizaines

Au mois de mai 2021, après une réunion du Haut Conseil de sécurité (HCS), présidée par le président Tebboune, les autorités algériennes avaient classé le Mouvement pour le MAK et Rachad, une association proche des milieux islamistes, comme « organisations terroristes », les accusant notamment « d’actes hostiles et subversifs ». Presque immédiatement après cette décision, des arrestations par dizaines ont commencé à être opérées dans les milieux proches de ces deux mouvements et des dizaines de militants se sont retrouvés en prison, attendant d’être jugés.

Au cours de la même journée, devant le même tribunal de Dar el-Beida, un autre groupe, constitué notamment de professeurs d’université, qui encourait des peines de 15 ans de prison pour s’être solidarisé avec des familles de détenus d’opinion avait été relaxé.

Cinquante autre de ces « détenus d’opinion » attendent toujours de comparaître devant les juges, leur procès ayant été une première fois reporté au 13 novembre prochain. Certains observateurs politiques s’accordent à voir dans la clémence de ces verdicts « un geste d’apaisement » de la part du pouvoir après des mois de tensions dues aux arrestations et au harcèlement judiciaire et policier quasi systématique contre la mouvance issue du Hirak et de l’opposition politique au régime. D’autres analystes y voient plutôt le résultat des pressions de la part du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, que l’Algérie vient tout juste d’intégrer.

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