S&P maintient la note du Cameroun à B et attribue la note B- à la RD Congo

Standard & Poors vient d’attribuer la note B – à la République démocratique du Congo. Elle maintient la note B attribuée au Cameroun. Selon l’agence de notation, les deux pays cumulent les mêmes handicaps en matière de risque politique et de gouvernance. Mais le faible niveau de la dette publique et les investissements dans les industries extractives sont des signes encourageants.

Yaoundé, la capitale camerounaise. Le niveau relativement bas de la dette et la stabilité de la monnaie sont des facteurs qui plaident en faveur du pays. DR

Yaoundé, la capitale camerounaise. Le niveau relativement bas de la dette et la stabilité de la monnaie sont des facteurs qui plaident en faveur du pays. DR

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Publié le 16 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

La réputation de l’État camerounais se conforte au moment où il cherche à emprunter 50 milliards de F CFA (environ 104,7 millions de dollars) sur le marché des capitaux. Dans un communiqué publié le 13 décembre, Standard & Poor’s (S&P) a annoncé le maintien de la note du pays à B/B pour ses émissions de long terme et de court terme en monnaie locale et en devises étrangères, avec des perspectives stables. L’agence de notation estime ainsi qu’il y a moins d’une chance sur trois que cette note change au cours des 12 prochains mois.

Facteurs positifs

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Parmi les facteurs plaidant en faveur du Cameroun, S&P souligne le niveau assez faible de l’endettement public – 18 % du PIB selon le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey – depuis l’allègement opéré en 2006 dans le cadre de l’Initiative PPTE (pays pauvres très endettés), ainsi que la stabilité de la monnaie du fait de la parité fixe existant entre le franc CFA et l’euro.

L’agence de notation estime toutefois que le pays n’arrive pas à tirer complètement profit des nombreux atouts dont dispose le pays, en particulier dans le secteur minier, le bois et l’agriculture. Cela serait dû, selon S&P, à la législation sur les marchés publics (en cours de révision), à un environnement des affaires contraignant – auquel se greffent un niveau élevé de corruption -, ainsi qu’à un système judiciaire inefficace et des infrastructures inadéquates.

« Scénario post-Biya »

L’agence rappelle également que le Cameroun figure au bas de plusieurs classements internationaux en ce qui concerne l’efficacité des institutions et la gouvernance. Aussi, pour S&P, « le risque lié à la succession présidentielle pèse également sur les notes » attribuées au pays. De fait, ce risque, lié au « scénario post-Biya », découle de l’absence d’expérience dans la dévolution du pouvoir, de la faiblesse des institutions et du peu de confiance des Camerounais dans le processus électoral. À cela vient s’ajouter la menace sécuritaire née de la présence du groupe terroriste nigérian Boko Haram dans le Nord du pays.

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Autre handicap, le revenu par habitant. À 1 300 dollars, ce dernier est jugé très faible par rapport aux 5 000 dollars par habitant des Îles Fidji et de l’Albanie, deux pays ayant reçu la même note souveraine que le Cameroun. Le PIB par habitant pourrait toutefois s’accroitre de 2,7 % en moyenne d’ici à 2016 avec la hausse attendue de l’investissement public et le rebond de la production pétrolière et gazière.

Stress politique à Kinshasa

Par ailleurs, S&P a attribué pour la première fois une note à la République démocratique du Congo : B-, avec des perspectives stables. En septembre, l’agence Moody’s avait décerné la note B3 au pays, une appréciation équivalente à celle de S&P.

Dans son communiqué du 13 décembre, l’agence de notation met en avant le « stress politique » qui pèse sur Kinshasa en raison de l’instabilité dans l’Est du pays, et ce en dépit des succès enregistrés récemment par l’armée et les troupes onusiennes contre le mouvement rebelle du M-23. Mais à l’instar du Cameroun, la RD Congo souffre d’une gouvernance déficiente, de déséquilibres extérieurs préoccupants et de la faiblesse du revenu par habitant (340 dollars).

Parmi les signes encourageants, l’agence de notation souligne l’effort de réduction de la dette publique, boosté par l’annulation en 2010 de la totalité des créances (7,35 milliards de dollars) dues par la RD Congo aux 19 pays membres du Club de Paris, ainsi que la croissance rapide de l’économie portée par l’exploitation minière, notamment le cuivre, et les investissements dans ce secteur porteur. Même si ce dernier, comme le reconnaît S&P, n’est pas à l’abri d’un retournement des cours mondiaux des matières premières.

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