Ismaïl Omar Guelleh en quête de « djiboutinité »

Face au conflit en Éthiopie et aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine, le président Ismaïl Omar Guelleh veut consolider l’unité de ses concitoyens. Quitte à jouer la carte identitaire.

Ismaïl Omar Guelleh a recentré ses priorités sur le social : emploi, santé, éducation, logement… Comme ici, en 2018, lors du lancement d’un programme d’appartements sociaux dans la commune populaire de Balbala (Djibouti-ville), qui ont été livrés en février 2022. © Patrick Robert

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Publié le 3 décembre 2022 Lecture : 5 minutes.

Dans la zone de libre-échange de Djibouti, en juillet 2018. © YASUYOSHI CHIBA/AFP.
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Djibouti, contre vents et marées

Quarante-cinq ans après son indépendance, la petite République de 1 million d’habitants conforte son rôle de carrefour régional, où la tradition du « vivre ensemble – qui a tant fait défaut à ses voisins – semble intacte.

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En avril 2021, le président Ismaïl Omar Guelleh (IOG) était réélu, sans surprise, pour un cinquième mandat consécutif avec plus de 97 % des suffrages exprimés, sur la promesse de « continuer ensemble » et de « finir le travail » engagé depuis 1999. Il y a dix-huit mois, le pays sortait de la pandémie de Covid-19 la tête haute, après avoir reçu un satisfecit de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour sa gestion efficace de la crise sanitaire. Djibouti continuait surtout d’afficher une stabilité politique aussi rare dans la Corne de l’Afrique que précieuse pour l’économie du pays qui, durant les vingt-deux années de règne d’IOG, a vu la valeur de son PIB multipliée par sept, pour dépasser les 3 milliards de dollars en 2020.

Tous les signaux semblaient donc être au vert pour un président qui, à 73 ans, pouvait alors enfin s’atteler à l’un de ses derniers grands chantiers, certainement le plus attendu par la population : celui de la redistribution des fruits de la croissance économique, notamment en direction de la jeunesse, cette fameuse « génération IOG » qui, l’année dernière, l’aurait supplié de rempiler.

Inflation maîtrisée

Depuis le mois de février, la guerre en Ukraine est pourtant venue bouleverser l’ordre des priorités, dans le monde en général et à Djibouti en particulier, réveillant la menace d’une nouvelle crise alimentaire d’autant plus urgente à régler que l’ensemble de la sous-région est déjà fragilisé par près de cinq années de sécheresse.

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