Pas de médiation entre l’Algérie et le Maroc, selon Tebboune

Le président algérien a démenti l’existence d’une mission de bons offices du roi de Jordanie dans le conflit qui oppose Alger et Rabat. Il estime même que la crise est telle qu’il ne saurait être question de médiation.  

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune lors de la clôture du dernier sommet de la Ligue arabe, à Alger, le 2 novembre 2022. © AFP

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Publié le 23 décembre 2022 Lecture : 3 minutes.

Le président Abdelmadjid Tebboune a réfuté l’existence d’une médiation entre Alger et Rabat, qui ont rompu leurs relations diplomatiques en août 2021. En début de semaine, la presse espagnole s’était fait l’écho d’une médiation du roi de Jordanie, Abdallah II.

Interrogé sur le sujet lors d’un entretien accordé aux médias algériens ce jeudi, le chef de l’État a botté en touche. « Ils lui [le roi Abdallah II] ont fait du tort. C’est un homme bien. Il n’est pas venu pour une médiation et n’a évoqué aucun pays. Les gens spéculent. Ils doivent savoir que, lorsqu’il y a quelque chose, le peuple algérien sera le premier informé. Je ne lui cache rien. S’il y avait une médiation, je l’aurais dit aux Algériens. »

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Une rencontre algéro-marocaine en Suisse ?

Et pour couper court à toute spéculation sur une éventuelle reprise prochaine des relations entre l’Algérie et le Maroc, Abdelmadjid Tebboune a précisé : « Je pense que les choses ont dépassé la question d’une médiation. »

Pourtant, lundi 19 décembre, le journal espagnol La Vanguardia indiquait que le roi de Jordanie avait entrepris une médiation entre l’Algérie et le Maroc au cours de sa visite à Alger les 3 et 4 décembre.

L’accord de principe, ajoutait le quotidien catalan, porte sur la réouverture du Gazoduc Maghreb Europe (GME), reliant l’Algérie et l’Espagne via le Maroc, fermé par les autorités algériennes le 31 octobre 2021. Le roi Abdallah aurait, ajoutait encore le journal, obtenu l’appui du président égyptien pour entreprendre cette mission de bons offices entre Alger et Rabat.

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La réouverture du GME devrait être suivie d’une rencontre algéro-marocaine en Suisse. « Cette rencontre peut aussi être très prochaine », confiait même, sous le sceau de l’anonymat, un diplomate algérien à La Vanguardia.

Depuis la rupture des relations entre l’Algérie et le Maroc, des rumeurs persistantes font état de tentatives de médiation de la part de certains pays arabes, comme l’Arabie saoudite ou le Qatar. Non seulement ces rumeurs se sont révélées infondées, mais les Algériens s’opposent fermement à toute démarche de réconciliation, comme l’indique la fin de non-recevoir de Tebboune.

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Outre le différend sur le Sahara occidental, d’autres contentieux sont venus, au cours des deux dernières années, se greffer sur ce vieux conflit qui empoisonne les relations entre Alger et Rabat.

Le président algérien a ainsi accusé le Maroc d’être à l’origine des incendies qui ont ravagé le nord du pays durant l’été 2021, faisant près d’une centaine de victimes. Il a aussi accusé les autorités marocaines de soutenir le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé par Alger comme une organisation terroriste.

La normalisation des relations entre le Maroc et Israël, ainsi que les visites de plusieurs responsables israéliens dans le royaume sont également considérées comme des menaces directes sur la sécurité de l’Algérie. Enfin, les Algériens accusent régulièrement le Maroc d’inonder leur territoire avec du cannabis.

Fahd, Baudoin… Des médiations à répétition

Au cours des quatre dernières décennies, plusieurs tentatives de médiation ont été entreprises par des dirigeants et des monarques arabes ou étrangers pour renouer les fils du dialogue entre les deux voisins ou pour trouver une solution sur la question du Sahara occidental.

« Il est de tradition que les monarques arabes en visite à Alger disent un mot sur les relations entre l’Algérie et le Maroc, avance un ancien ambassadeur algérien. En général, ils commencent par regretter l’état des relations et souhaitent une amélioration. Connaissant le caractère des Algériens, ils ne vont pas plus loin. Sous Chadli, le roi Fahd portait directement des messages de Hassan II. »

Le roi Fahd d’Arabie saoudite a en effet joué un rôle déterminant dans le rétablissement des relations entre Alger et Rabat, rompues en 1976 lors de la guerre entre le Maroc et le Polisario. Jouissant de la confiance des deux parties, Fahd avait réussi à mettre sur pied deux rencontres entre le président Chadli Bendjedid et le roi Hassan II, en février 1983 et en mai 1987 à la frontière algéro-marocaine. Ces deux entrevues ont débouché sur la reprise des relations en mai 1988, ainsi que sur la réouverture deux semaines plus tard des frontières. Lesquelles sont aujourd’hui fermées depuis l’été 1994.

Par le passé, une autre tentative de médiation avait été entreprise en 1978 par le roi de Belgique Baudoin, qui était parvenu à obtenir un accord de principe pour une rencontre dans un pays européen entre le président Houari Boumédiène et le roi Hassan II. La disparition du président algérien en décembre 1978 à la suite d’une maladie foudroyante avait mis un terme à l’espoir d’une réconciliation.

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