Achille Mbembe : « Le futur afropolitain s’invente ici », en Afrique du Sud

L’historien camerounais Achille Mbembe réside à Johannesburg depuis 1999. Un choix de vie et de carrière.

Achille Mbembe a préféré s’installer en Afrique du Sud plutôt qu’aux États-Unis. © Marc Shoul, pour J.A.

Achille Mbembe a préféré s’installer en Afrique du Sud plutôt qu’aux États-Unis. © Marc Shoul, pour J.A.

Publié le 14 août 2012 Lecture : 1 minute.

Afrique du Sud : nouvel eldorado subsaharien
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« J’ai vécu à Paris, à Dakar et aux États-Unis, où j’enseigne à l’université Duke trois mois par an. Je ne suis pas retourné au Cameroun depuis longtemps, mais quand les Lions indomptables jouent, mon être est transplanté. J’ai besoin de chacun de ces lieux, et l’Afrique du Sud m’apporte la marmite », résume Achille Mbembe, 55 ans. Installé à Johannesburg depuis 1999 et professeur de sciences politiques à l’université du Witwatersrand depuis 2001, Mbembe considère Johannesburg comme une « porte naturelle » et l’Afrique du Sud comme « un lieu où s’invente un futur possible pour le continent, un futur afropolitain », brassant les influences africaines, mais aussi européennes et américaines. « C’est un pays neuf, mais le système universitaire est comparable à celui des États-Unis. La vie intellectuelle profite d’une relative liberté académique, l’accès à l’information est immédiat et la possibilité d’intervenir dans le champ public par les médias est naturelle. Qui plus est, l’expérience politique et la transition d’une société raciste à une société démocratique ont une portée universelle », résume l’intellectuel, marié à Sara, une universitaire sud-africaine blanche avec qui il a deux enfants, de 4 ans et 6 ans.

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« En regardant les anciennes frontières de l’Afrique, on voit qu’elle fonctionnait sur le mode du voyage, de l’imbrication, de la dispersion et de la circulation », poursuit Mbembe, pour qui l’Afrique du Sud est devenue une synthèse de mondes en partage. Mais aujourd’hui, le pays souffrirait d’une « panne de l’imagination ». « Les anciens de l’ANC [Congrès national africain, NDLR], Walter Sisulu, Oliver Tambo et Nelson Mandela, étaient des intellectuels. Les politiciens actuels ne lisent plus, ne pensent plus, et ne connaissent pas le continent. Le pays a vécu une révolution de la consommation, mais le projet de l’ANC est de vivre comme les Blancs, c’est tout. » Mbembe perçoit tout de même « un mouvement », la nation devenant un lieu de rencontre pour l’intelligentsia africaine.

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Propos recueillis par Alex Duval Smith, au Cap

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