Fronde de sans-papiers sur les chantiers des JO de Paris 2024

Mondial au Qatar, JO à Paris, même combat ? Dans la presse française, des témoignages d’ouvriers clandestins employés sur les sites des prochains Jeux olympiques se multiplient. Et décrivent des conditions de travail exécrables.

© Damien Glez

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Publié le 25 janvier 2023 Lecture : 2 minutes.

Les organisateurs de la dernière Coupe du monde de football doivent rire sous cape. Mis à l’index par des activistes français dénonçant les « chantiers du scandale » qataris, ils savourent aujourd’hui les titres de presse internationaux qui relaient les témoignages de travailleurs immigrés, notamment africains, dénonçant leurs conditions de travail sur les sites des Jeux olympiques qui doivent se tenir à Paris, dans un an et demi…

Accepter les conditions… ou partir

Le parallèle est limpide. Que ce soit au niveau du village olympique, à Saint-Denis, ou du centre aquatique du parc des sports de Marville, tous deux situés en Seine-Saint-Denis, des anciens ouvriers décrivent une gestion inhumaine du personnel, des rémunérations insuffisantes, des journées de travail à rallonge dont les heures supplémentaires ne sont pas payées, des congés payés inexistants et parfois même des journées entières non rémunérées.

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Des situations qui reposent sur un chantage classique rendu possible par l’absence de statut des employés clandestins. Les sans-papiers n’auraient d’autre choix que d’accepter les entorses au droit du travail ou de… plier bagages. De surcroît, la nécessité d’achever les chantiers avant les rendez-vous du grand événement sportif international rend difficile l’organisation d’une pression sociale progressive.

Si la presse se saisit actuellement de l’affaire, le dossier n’est pas nouveau. En juin dernier, à la suite d’alertes du syndicat CGT, toujours gêné par la concurrence biaisée sur le marché du travail, le parquet de Bobigny avait ouvert une enquête pour « travail dissimulé ».

Une bombe à retardement politique

Si les déboires des clandestins sur les chantiers « sportifs » français rappellent légitimement ceux des ouvriers des travaux qataris, comparaison n’est pas toujours raison. Durant les préparatifs de la Coupe du monde, 6 500 travailleurs seraient morts, parfois des immigrés légaux venus avec des papiers qu’ils se seraient vu confisquer. Il n’en reste pas moins que l’emploi de clandestins sur des projets promus par l’État français – chantre théorique des droits humains – est une bombe politique à retardement…

Avant que les Jeux olympiques ne soient durablement entachés par la polémique, l’Inspection du travail française et la société de livraison des travaux, Solideo, affirment avoir décidé de s’attaquer sérieusement au problème : la première avec les contrôles quotidiens des sites par une unité spéciale et la seconde avec des « actions de prévention du travail illégal ». Est-ce la fin de l’omerta dans la sous-traitance, de l’hypocrisie politicienne de tous bords et des triches grossières aux identités multiples des individus et des entreprises ? La médiatisation de l’événement sportif pourrait aider à assainir ponctuellement les pratiques. Ponctuellement.

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