George Weah a-t-il une responsabilité dans le trafic de bois tropical au Liberia ?

Une enquête indépendante internationale sur l’exploitation forestière au Liberia révèle de nombreuses opérations illégales, dont le chef de l’État pourrait avoir eu connaissance.

 © Damien Glez

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Publié le 30 janvier 2023 Lecture : 2 minutes.

En 2018, la découverte de l’exploitation illégale de 3 millions de dollars de bois dur tropical du comté libérien de Grand Bassa incitait le ministère de la Justice à commander une enquête indépendante à des experts internationaux.

Clos en 2020, le rapport énumérait plusieurs actions illégales dans l’exploitation forestière de la forêt tropicale « à une échelle significative » : déforestation anarchique délétère pour les éléphants de forêt, les hippopotames pygmées ou les chimpanzés occidentaux ; exportation de bois « en contournant apparemment les réglementations » ; extension « arbitraire » des concessions ; transactions bancaires « très irrégulières » ; délivrance de permis d’exportation à une société, Renaissance Group Inc, déjà épinglée mais condamnée à une amende infime ; laxisme dans la surveillance et absence de mesures correctives pourtant formellement suggérées…

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Quelle est la responsabilité de Weah ?

Cinq opérations illégales ont clairement été menées par la Forestry Development Authority (FDA), l’agence gouvernementale justement chargée de protéger les forêts et partiellement financée par les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni. Le rapport évoque une « tendance persistante » de la direction de l’agence à prendre « des décisions illégales dans l’évaluation de la gravité des infractions ». Depuis 2020, les conclusions des enquêteurs avaient été mises sous le boisseau, mais l’Associated Press (AP) vient d’en obtenir une copie.

Maintenant que le rapport a fuité, des observateurs subodorent une part de responsabilité de George Weah. Primo, c’est lui qui a nommé le directeur général de la FDA, Mike Doryen, directement mis en cause. Secundo, les experts préconisaient le lancement d’un comité présidentiel spécial, lequel n’existait toujours pas en juillet dernier. Tertio, des sources officielles affirment qu’un commissaire européen a fait part de ses préoccupations au chef de l’État, en février dernier, lors d’un sommet de l’Union africaine, puis en septembre, au cours d’une réunion organisée à Monrovia.

Weah joue les ignorants avec une certaine maladresse. Lorsque le rapport des experts a été révélé au public, l’ancien footballeur a botté en touche, déclarant à l’agence AP que les allégations selon lesquelles il avait été informé des préoccupations des pays donateurs étaient « absurdes ». Avant de reconnaître avoir reçu une lettre de certains ambassadeurs… Et d’évoquer l’organisation d’une mystérieuse réunion sur la question, tout en refusant de dire si le comité recommandé avait été créé.

Pour l’heure, l’ambassadeur de l’Union européenne au Liberia évoque la difficulté d’investir « l’argent des contribuables européens dans ce secteur » tant que l’exploitation forestière illégale perdure et que les organismes publics libériens ne respectent pas les normes éthiques et juridiques en vigueur.

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