À Kinshasa, le pape François vilipende la corruption, avant de s’envoler pour le Soudan du Sud

Le chef de l’Église catholique a appelé les Congolais à « être des acteurs » de l’avenir de leur pays. Il se rend ce 3 février à Djouba, où il rencontrera notamment le président Salva Kiir.

Le pape François (au c.) s’adresse aux Congolais qui se sont déplacés au stade de Kinshasa, le 2 février. © Guerchom Ndebo / AFP.

Publié le 3 février 2023 Lecture : 3 minutes.

Un accueil digne d’une rockstar. C’est dans une ambiance surchauffée, le jeudi 2 février dans le grand stade des Martyrs, à Kinshasa, que le pape François a invité les jeunes à être des « acteurs » de l’avenir de la RDC. Au rythme des tambours et des chants, le chef de l’Église catholique a salué et béni la foule à bord de sa « papamobile ». « Tu es indispensable et responsable de ton Église et de ton pays. Tu appartiens à une histoire plus grande qui t’appelle à être acteur », a-t-il lancé.

Plus de 65 000 personnes, selon les organisateurs, ont participé à cette rencontre. Face au « tribalisme » et à « l’individualisme », François a appelé les fidèles à privilégier la « communauté », les invitant à prendre leur voisin par la main puis à faire silence en pensant « à des personnes qui [les] ont offensés ».

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Slogans hostiles à Tshisekedi

Le pape a aussi vilipendé la corruption. « Tous ensemble disons : “pas de corruption” ! », a-t-il demandé, tandis que dans la foule fusaient des slogans hostiles au président Félix Tshisekedi. Dans les tribunes, des milliers de personnes chantaient en frappant des mains, sous une chaleur intense. Beaucoup étaient vêtus de T-shirts, chemises ou casquettes à l’effigie de Jorge Bergoglio, premier pape à visiter le pays depuis Jean-Paul II en 1985.

Âgé de 86 ans, le souverain pontife, qui se déplace en chaise roulante en raison de douleurs au genou, a ensuite rencontré le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, à la nonciature apostolique, « ambassade » du Saint-Siège en RDC. Dans l’après-midi, lors d’une rencontre avec des prêtres et des religieux à la cathédrale Notre-Dame du Congo, grand édifice de briques orangées construit en 1947, il a invité l’assemblée à ne pas céder à la « tentation du confort mondain ».

Malgré l’influence croissante des Églises évangéliques depuis les années 1990, l’Église catholique conserve un rôle majeur en RDC, où elle a souvent fait office de contre-pouvoir.

« Cruelles atrocités » dans l’Est

Très attendue, cette visite entourée d’une immense ferveur a été marquée le mercredi 1er février par une séquence chargée d’émotion, quand François a lancé un « vibrant appel » devant les « cruelles atrocités » perpétrées dans l’est du pays, après avoir entendu les témoignages de victimes. « Vos larmes sont mes larmes, votre souffrance est ma souffrance », a lâché François, qui entend attirer l’attention sur les drames frappant certaines « périphéries » du monde.

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Il s’est également « indigné » de « l’exploitation, sanglante et illégale, de la richesse » de la RDC, où les violences de groupes armés, notamment du M23, ont tué des centaines de milliers de personnes et entraîné le déplacement de millions d’autres.

Mercredi, il avait célébré une messe en plein air qui a, selon les autorités, rassemblé plus d’un million de fidèles, sur un aéroport de l’est de la capitale. Vendredi matin, il a prononcé un dernier discours devant les évêques congolais

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Visite au Soudan

Le pape François rejoint ensuite le Soudan du Sud dans la matinée pour un « pèlerinage de paix ». À Djouba, il sera accompagné des chefs des Églises d’Angleterre et d’Écosse, représentants des deux autres confessions chrétiennes de ce pays de 12 millions d’habitants. Les trois responsables religieux se sont personnellement engagés dans le processus de paix, malgré des dirigeants restés sourds aux appels à la réconciliation.

En dépit d’un accord de paix en 2018 entre le président Salva Kiir et le chef rebelle Riek Machar, la violence perdure En 2019, François les avait reçus au Vatican et s’était agenouillé pour leur embrasser les pieds en les suppliant de faire la paix, un geste symbolique fort qui avait marqué les esprits.

Attendu à 15 h (13 h GMT), le jésuite argentin effectuera une visite de courtoisie au président et aux vice-présidents puis prononcera un premier discours au palais présidentiel devant les autorités et le corps diplomatique. Le lendemain, samedi, il rencontrera des religieux catholiques et des déplacés internes et célèbrera une prière œcuménique, avant de présider une messe dimanche 5 février.

(avec AFP)

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