Qui succèdera à Makri à la tête du MSP algérien ?

Après dix ans passés à la tête du principal parti islamiste algérien, Abderrazak Makri tire sa révérence. La guerre de succession est déjà lancée. Son issue conditionnera le positionnement futur du MSP et de ses 65 députés.

Abderrazak Makri, président sortant du MSP, à Alger, le 30 juin 2021. © RYAD KRAMDI/AFP

Publié le 6 février 2023 Lecture : 4 minutes.

Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), le parti islamiste ex-membre de l’Alliance présidentielle algérienne sous Bouteflika, va changer de direction à l’issue de son huitième congrès, qui se tiendra les 16 et 17 mars prochain.

Fin novembre, Abderrazak Makri, resté dix ans à la tête du mouvement, a annoncé sa décision de ne pas briguer un troisième mandat et son retrait de toutes les instances dirigeantes du parti.

la suite après cette publicité

Ce médecin de 63 ans, père de huit enfants, qui ne cache pas son admiration pour le président turc Recep Tayyip Erdogan ou le Malaisien Mahathir Mohamad, est le deuxième chef d’une formation politique islamiste à quitter la scène politique en moins de six mois, Abdelkader Bengrina ayant, lui aussi, émis le vœu d’être déchargé de la direction du mouvement El Bina.

Les prétendants au poste de président du MSP devront se déclarer officiellement lors d’une réunion du Majlis el-Choura (le Conseil consultatif, l’instance décisionnelle, NDLR), à la fin du congrès. Il reviendra au Majlis, en dernier recours, de trancher.

Mais à plus d’un mois de l’échéance, la course à la succession est déjà ouverte. Depuis quelques jours, Abdelmadjid Menasra active ses réseaux en vue de faire aboutir sa candidature. Fin janvier, l’ancien ministre de l’Industrie et de la Restructuration dans le gouvernement d’Ahmed Benbitour (décembre 2019-août 2020) a annoncé son intention de briguer la présidence du parti sur sa page Facebook, affirmant avoir « répondu aux sollicitations de militants et de cadres qui l’ont appelé à prendre la direction du parti ».

Avec ou contre Tebboune ?

Pour quel changement de cap ? S’il a surfé incontestablement sur le Hirak et refusé de prendre part à la présidentielle qui a conduit Abdelmadjid Tebboune au pouvoir en 2019, le président du MSP sortant Abderrazak Makri a rapidement accepté l’offre de dialogue adressée par le nouveau président. Il a par la suite soutenu Tebboune sur quatre axes « prioritaires », selon ses termes : le développement socio-économique, la résistance aux « forces étrangères » et « colonialistes », l’unité nationale et « la défense de l’identité nationale ».

la suite après cette publicité

Il marque tout de même son territoire en prenant pour cible le gouvernement d’Aymen Benaderrahmane, dont il estime que la composition « démontre l’absence de vision économique », mais ne se tient pas trop loin des portes d’El Mouradia en prenant part à pratiquement toutes les consultations politiques engagées par la présidence.

Le 4 janvier, il a été reçu à nouveau, cette fois à sa demande, par le chef de l’État pour « un échange de points de vue sur les affaires économiques et politiques, et sur divers dossiers », a-t-il précisé à sa sortie d’audience

la suite après cette publicité

Menasra, lui, a quitté pendant huit ans le MSP – après que Aboudjerra Soltani, alors président du parti, a décidé de soutenir le troisième mandat de Bouteflika, en 2009 – pour créer, en 2012, un nouveau parti islamiste, le Mouvement pour la prédication et le changement. En 2017, il consent, après de nombreuses tractations, à rentrer au bercail et fusionne sa formation avec le MSP, qu’il réintègre, sous la direction d’Abderrazak Makri.

Depuis, il s’est fait très discret, jusqu’à son discours de candidature adressé aux militants du MSP sous l’intitulé « enracinement et renouveau » dans lequel il affirme sa détermination à « travailler avec tout le monde » pour remettre le parti sur la trajectoire de Mahfoud Nahnah, fondateur du Mouvement de la société islamique (Hamas), rebaptisé Mouvement pour la société et la paix en 1999 pour se conformer à une nouvelle loi interdisant toute référence à la religion et qui resté son chef jusqu’à son décès, en 2003. Avec pour devise « islam, démocratie et patriotisme ». Menasra ne remet toutefois pas en cause la globalité de la ligne de Makri. « La différence se verra dans les détails et non sur les principes fondamentaux », assure-t-il.

Maintenir le score de 2020

En dehors de Menasra, plusieurs autres candidatures se profilent. Le président de la commission de préparation du congrès s’est entretenu, au cours de la semaine dernière, avec les anciens présidents du Conseil consultatif, Abderrahmane Saïdi et Tayeb Aziz. Des militants du parti pensent que ces rencontres pourraient avoir pour objectif de convaincre les deux cadres dirigeants de postuler à leur tour.

D’autres noms circulent, comme celui du vice-président du parti, Abderrazak Achouri, ou encore celui du député et membre du bureau exécutif Nacer Hamdadouche.

Des tractations en coulisses mettent en scène, en outre, l’intention de candidature de Hassan Abdelli, présenté comme un proche de Makri, et donc un choix de continuité.  Enfin, des sources au sein du Majlis el-Choura évoquent le nom de l’un de ses membres, Semmari Abdelkader, qui représenterait « la voie médiane à même de renforcer la cohésion » au sein du parti. Le nouveau président du MSP devra, dans tous les cas, œuvrer, nous dit-on, à améliorer ou du moins à consolider le poids du parti, qui a obtenu 65 sièges aux législatives de 2020.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires